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| Dans les bois obscurs | |
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Un homme d'armes
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| Sujet: Dans les bois obscurs Dim 1 Aoû 2010 - 21:17 | |
| Le soleil s'était couché déjà presque une heure auparavant. Seuls quelques ultimes reflets teintaient les nuages d'un feu sombre. La forêt, plongée dans l'obscurité, semblait transformée, comme habitée par des ombres pleines de malveillance, qui excitaient les arbres à plonger leurs branches griffues vers la chair pâle, tendre et vulnérable, des deux intrus.
Ces derniers avançaient d'un pas aussi rapide que possible compte tenu de la situation.
On n'aurait jamais dû entrer là-dedans de nuit. On va se paumer.
Le guerrier grommelait dans sa barbe blonde. Quelque chose, dans l'ambiance du lieu, le dissuadait d'élever la voix, de peur d'attirer... quelque chose, même s'il ne savait pas quoi. Il resserra sa main sur la poignée de son épée courte, dans un geste instinctif.
T'as la trouille, Lié ?
Son compagnon s'exprimait d'un ton sec.
Je ne vois pas de quoi tu as peur. On s'éloigne rapidement de la citadelle et des soldats de Ragnar. On minimise les risques. Et on a aucune chance de se perdre. Suffit de longer la mer. Si t'arrives les pieds dans l'eau, bah tu tournes.
Et si tu te casses la gueule d'une falaise, bah t'es mort. T'as pas peur, Rodéric ?
Le dénommé Lié s'était exprimé d'un ton dégoulinant de sarcasme qui ne faisait rien pour arranger la situation.
Bon, ta gueule. On n'est pas censés s'annoncer en fanfare, même si on a peu de chances de tomber sur des Suéris ici.
Pas faux.
Les hommes se turent, vaguement honteux. Se disputer comme des chiffonniers, même à mi-voix, en pleine reconnaissance en territoire ennemi, voilà qui n'était guère professionnel. Et qui pouvait les mener à leur mort. Quelque chose, dans ce lieu sombre au paysage agressif et distordu, dans cette mission, mettait les éclaireurs sur les nerfs, les poussait à la faute. Même si c'était un phénomène indéfinissable, ils en ressentaient tous deux les effets, sans oser se l'avouer, ni à leur compagnon, ni même à eux-même.
Il faut trouver les navires. Un chef suéri ne reste jamais loin de son bateau. Après, on monte une surveillance, et quand ce Ragnar se pointe avec ses hommes, on les arrose de flèches et on cuisine les survivants pour qu'ils nous crachent tout ce qu'ils savent. Facile.
Lié avait repris d'une voix plus forte, légèrement tremblante. Le plan pouvait sembler simpliste, mais c'était à peu près ça. Les plans les plus simples étaient souvent les meilleurs, moins de choses risquaient de dégénérer.
Et après, je me prendrai une des brisées de la compagnie pour m'amuser avec elle toute une nuit.
Une brisée n'amuse jamais longtemps, Lié. Elle est trop molle. Elle ne participe pas assez. Et fais gaffe. Penser au sexe pendant les missions est le meilleur moyen de se faire occire. On ne peut pas, à la fois bander, et à la fois tuer. Enfin, normalement.
Tout en parlant, Rodéric observait l'environnement. Il lui sembla repérer un début de sentier, et s'arrêta un bref instant pour réfléchir. Ils ne pouvaient pas se permettre de rester à un endroit fréquenté. Croiser une patrouille et devoir engager le combat était la dernière de ses envies. D'un autre côté, il avait bien envie de voir à quoi cela les mènerait. Et, comme c'était lui le plus âgé, il était dans les faits le supérieur de Lié, puisque plus expérimenté. A lui de prendre la décision. Manifestement, le gamin était nerveux, en plus. Trop de bavardage. C'était un signe qui ne trompait pas. Pourquoi Romaric lui avait-il confié ce boulet ? Il ne connaissait pas Lié plus que ça, mais il s'était convaincu durant les dernières minutes que ce dernier serait incapable de l'aider en cas de problème.
Il prit le parti de longer le sentier tout en s'en tenant à deux pas de distance,pour ne pas laisser de traces. Mû par un inexplicable instinct, il prit son arc et engagea une flèche avant d'écarter une branche pour s'enfoncer dans le sous-bois. Son compagnon lui emboîta le pas, nerveux, son épée volontairement noircie à la graisse sortie de son fourreau. |
| | | Rowan Altenberg
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| Sujet: Re: Dans les bois obscurs Dim 1 Aoû 2010 - 21:19 | |
| Elle les suit déjà depuis plusieurs heures. En fait, elle les a repérés peu après le crépuscule, alors qu'elle revenait d'avoir relevé une série de pièges à petit gibier. Leurs pas étaient discrets, mais encore trop bruyants... et trop différents du pas d'un gros animal. Elle est restée tendue, aux aguets, pendant plusieurs secondes. Puis elle a perçu quelques mots murmurés. Alors elle s'est coulée dans le sous-bois, comme une ombre.
Elle les a regardé passer, deux hommes aux vêtements différents de ce qu'elle a l'habitude de voir, pas du village, et pas parmi les hommes de Ragnar non plus. Pas assez grands, pas les mêmes traits, pas la démarche des marins. Donc : des intrus. Elle leur a laissé prendre suffisamment de distance pour passer inaperçue, a caché ses oiseaux et ses deux lapins dans le creux d'un arbre, et les a pris en chasse.
La nuit les rend nerveux, et ils se mettent à parler de plus en plus souvent. Leur prudence s'émousse. Ils ont même commencé à perdre leur direction, à plusieurs reprises... un ruisseau seul leur a épargné de vraiment tourner en rond. Elle ne s'est pas approchée, elle est restée à distance suffisante pour se guider à leur pas, à leurs mots. Et elle a fini par trouver confirmation à ses soupçons.
Les cribler de flèches... mais oui bien sur.
Mais elle pince vraiment les lèvres quand il mentionne l'amusement qu'il envisage ensuite. Une "brisée" ? A l'instant où elle comprend de quoi il parle exactement, elle décide qu'un des deux mourra. Et que l'autre n'en sortira pas indemne. Tout en les suivant, furtive comme une biche, le pas lent et délicat, l'éclat du prédateur, pourtant, dans le regard...
Par moment, elle aperçoit leurs dos, alors que le sous-bois se dégage, et alors elle veille particulièrement à la fluidité de ses mouvements. Un geste brusque attire l'oeil... C'est à l'occasion d'un de ces instants qu'elle les voit s'engager le long d'un sentier, et elle connaît ce sentier. Elle sait où il mène...
Un sourire féroce éclot sur ses lèvres, et elle bifurque vers le coeur de la forêt, s'éloigne de leur route à eux... Elle sait où ils arriveront. Une vaste combe plantée d'arbres minces poussant entre de grands blocs rocheux, apparemment épars, grands comme deux hommes, et qui forment une sorte de petit dédale qu'elle connaît bien, mais où on se retrouve engagé sans s'en apercevoir, la première fois.
Le lieu idéal pour une embuscade... Même si en principe, lors d'une embuscade, l'assaillant est supérieur en nombre.
Silencieuse, tranquille, elle a repris son pas habituel dès qu'elle s'est sue hors de portée d'oreilles. Un pas rapide, bien cadencé, souple. La forêt s'ouvre devant elle, complice... Les mains vides encore, elle frôle du doigt, à chaque pas, les manches courts des petites dagues de lancer plaquées sur sa cuisse. Griffes volantes et meurtrières d'une louve au regard farouche...
Peut-être qu'ils n'auraient pas du parler de cribler de flèches certain barbare du Nord aux yeux bleu de mer profonde...
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| | | Un homme d'armes
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| Sujet: Re: Dans les bois obscurs Dim 1 Aoû 2010 - 21:20 | |
| Bruissements de feuillages. Craquements de brindilles. Les deux hommes se regardent, brusquement silencieux. Ils s'éloignent l'un de l'autre de quelques mètres. Se garder à portée de vue sans se rassembler pour faire une cible trop facile pour d'éventuels archers. Les vieux réflexes, acquis par l'entraînement et l'expérience, se remettent en place. Même s'ils sont un peu nerveux, les deux guerriers restent des membres de l'Arc Blême, une compagnie réputée pour sa férocité et son efficacité. Ce ne sont pas des amateurs, et, en cas de contact avec l'ennemi, ils ne seront pas faciles à tuer.
Mais leur présence doit rester secrète autant que faire se peut. Ils s'éloignent donc également de la source du bruit, s'enfonçant un peu plus loin dans la forêt. Évitant au maximum branches et brindilles. Chaque minuscule bruit qu'ils produisent semble tout à coup assourdissant. Et, avec l'obscurité maintenant quasi totale, la vue devient un sens de moins en moins efficace. Quelques minutes de marche, bien après que le bruit qui a inquiété les hommes se soit tu. Mais la plupart des soldats doivent justement leur survie à leur capacité à s'inquiéter d'un détail. Une branche qui bouge alors qu'il n'y a pas un souffle de vent... Un point d'eau sans oiseaux aux alentours... Le regard fugitif d'un prisonnier vers les bois tout proches... Ce genre d'éléments, que d'aucuns appellent "instinct", mais qui n'est en réalité que la manifestation d'un sens aigu de l'observation associé à une méfiance justifiée.
Alors les deux hommes continuent de marcher, à quelques pas de distance. Le jeune Lié a toujours son épée à la main et un petit bouclier de cuir rond accroché à l'avant-bras. Son aîné, Rodéric, quand à lui, a toujours une flèche encochée à son arc enroulé dans du tissu noir. Il ne l'a pas bandé, pas encore. Une tension prolongée risque de le casser, et ils ne cherchent pas le combat. Pas encore.
Peu à peu, le relief se modifie. Devient plus accidenté. Ce serait difficile à percevoir pour un œil non exercé, mais Rodéric se rend rapidement compte qu'ils se trouvent au coeur d'un dédale de rochers disposés de manière chaotique et recouverts presque entièrement par la forêt. Bien. Ils vont pouvoir s'arrêter. Il sera très difficile de les retrouver ici. Le manque de visibilité est ici à la fois leur allié et leur ennemi. Mais en l'occurrence, cela l'arrange. C'est l'endroit idéal pour faire le point. Leur poursuivant, si même il était autre chose qu'un écureuil effrayé, les a presque certainement perdu de vue.
Ce serait l'endroit idéal pour se détendre et prendre un peu de repos, et pourtant, Rodéric sent ses cheveux se redresser sur sa tête.
Il murmure, pour lui-même. Je n'aime pas cet endroit...
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| | | Rowan Altenberg
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| Sujet: Re: Dans les bois obscurs Dim 1 Aoû 2010 - 21:22 | |
| ... et tu as bien raison.
Elle est perchée sur l'un des blocs les plus hauts, afin de voir sans être vue, plaquée sur le ventre au sommet vaste et arrondi de l'énorme rocher. Elle les a écouté approcher plus qu'elle n'a essayer de regarder, tant qu'ils ne sont pas encore engagés dans la combe. De là où elle se trouve, le paysage est très étrange, sorte de plateau profondément disloqué dont seuls restent quelques sommets, érodés par le temps. La forêt a poussé dans les plus grandes fractures, de grands arbres jaillissent à ses côtés, avant d'étendre leurs branches vers le ciel nocturne.
Ils se sont arrêtés tout près d'elle, presque au pied de son rocher. Normal... quand on vient ici la première fois, c'est à peu près là qu'on se rend compte que l'on ne vient pas juste de passer entre quelques cailloux, mais qu'on touche à quelque chose de différent.
Ici vous êtes dans l'île, pas dessus... Dans mon île. Et j'ai décidé que vous y étiez indésirables... Sale temps pour vous, les gars.
Son plan est prêt, plus qu'à le mettre en oeuvre. La pierre part en silence, va heurter au loin la face verticale d'un autre rocher, dans la direction d'où ils sont venus. Juste après, un froufrou de branches froissées monte de sa seconde cible, un buisson touffu. Situé à main droite pour quelqu'un qui se serait, comme c'est prévisible, retourné dans la direction du premier bruit.
Puis plus rien. Elle se colle à la roche, elle se fond en elle, devient rocher elle-même, immobile, respirant à peine, bouche ouverte, lentement.
Reculez, dites-vous que vous êtes trop exposés. Allez vous mettre à couvert, contournez mon rocher... Il y a une surprise... Et si vous choisissez de vous enfoncer plus loin, j'ai d'autres surprises pour vous...
Des pièges. Deux pièges à sangliers, petites fosses de trois paumes de profondeur où le pied s'enfonce à travers une mince claie de branchages camouflés de feuillages, cassant au passage le bâtonnet qui maintient écartés les gros pavés bien lourds, qui basculent et écrasent la patte... ou la cheville. Et là, dans le passage principal, le grand piège à ours. Ils passent ici, elle a vu les traces de leur fourrure dans les aspérités de l'écorce ou de la roche, et leurs pieds griffus imprimés dans le sol. La fosse est prête depuis deux lunes mais encore aucun ne s'y est aventuré, ils ne sont pas ici pour le moment, ils reviendront à l'automne. Une fosse profonde, garnie de pieux. Un travail de plusieurs semaines... parfaitement camouflé. Les ours sont intelligents... Les sangliers méfiants...
Allez... on vous voit comme le nez au milieu du visage, là où vous êtes... bougez.
Elle tend l'oreille. Elle entend leurs souffles. Plus rauque et profond, le vieux à l'arc. Plus léger et rapide, le jeune à l'épée. Elle s'attaquera d'abord à l'archer. Puis à l'autre.
Elle ne sait pas encore lequel des deux elle épargnera.
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| | | Un homme d'armes
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| Sujet: Re: Dans les bois obscurs Dim 1 Aoû 2010 - 21:23 | |
| Le vétéran s'est retourné dans la direction du premier bruit, mais ne voit rien qui pourrait expliquer ce mouvement de pierres. En revanche, il tire une flèche dans le buisson. A peine celle-ci s'est-elle enfoncée entre les branches qu'une autre fuse dans la même direction. Lié, le jeune, a déposé son épée et tiré à son tour. Puis, ramassant son épée, il se rue vers sa cible, se déplaçant selon une trajectoire erratique pour gêner d'éventuels archers.
Rien !
Rodéric lève la tête, comme pour humer l'air. Vérifie encore une fois les rochers d'où sont partis le premier bruit. Il rejoint Lié sous le couvert du feuillage. Empoignant son épée, ce dernier s'élance sur sa droite pour contourner le rocher.
Attends !
Le chuchotement de Rodéric n'a servi à rien. En soupirant, le vétéran le suit à allure plus modérée. Ils ne peuvent se permettre de se séparer. Mais ce Lié est vraiment un imbécile. Bon combattant, certes, mais un imbécile. Enfin. S'il y a un ennemi, il visera en priorité le premier à arriver. Et de toute manière, le temps joue contre les éclaireurs. L'assaut est la seule option envisageable. S'ils décidaient d'attendre, ils se retrouveraient bloqués dans des lieux que leurs ennemis connaissent bien mieux qu'eux, et des renforts pourraient venir de la citadelle. S'ils ignoraient la menace, ils se feraient massacrer. Un assaut, oui, mais contre quoi ?
L'ennemi ne doit pas avoir d'arc, ou être un piètre archer, sinon il se serait déjà essayé à abattre un des deux. Attaquer deux membres de la Compagnie de l'Arc Blême sans savoir tirer à l'arc est généralement une mauvaise idée, et Rodéric va le prouver sous peu. En silence, il suit son compagnon qui a disparu derrière le rocher, une flèche encochée et l'arc à moitié bandé.
Un cri de douleur étouffé l'alarme. Bondissant, l'arc bandé, il voit Lié, la jambe disparaissant dans un trou, le visage gris de douleur. Il pousse un juron. Des pièges ! Il s'immobilise, ignorant les gémissements de Lié. Il est peut-être déjà au milieu. Scrute les environs, plaqué contre le rocher. De nuit, dans une forêt inconnue, pris en embuscade dans une zone truffée de pièges. Rodéric sent monter la panique, mais se force à réguler sa respiration. Pas à pas, tâtant chaque pouce de feuillage, il se déplace, adossé au rocher, l'arc bandé, prêt à tirer au moindre mouvement qui se ferait dans son champ de vision. Champ de vision plus que restreint par les ténèbres qui ont envahi la forêt. |
| | | Rowan Altenberg
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| Sujet: Re: Dans les bois obscurs Dim 22 Aoû 2010 - 19:54 | |
| Un peu plus. Juste un peu plus. Encore deux pas.
Les branches de l'arbre le plus proche jettent sur elle un manteau de pénombre qui ondoie avec la brise nocturne. Elle a profité d'un de ces souffles pour tourner la tête de façon à voir par-dessus le rebord de son rocher tout en restant imperceptible, une vague irrégularité de plus. L'archer est en alerte, ses yeux fouillent l'obscurité, frénétiques. Un mouvement trop vif, mal préparé, prématuré, et tout peut échouer. Elle doit être certaine de réussir du premier coup. Etre patiente. Calme. Immobile. Etre une part de ce rocher vieux de milliers de vies d'hommes et de femmes, pour qui le temps n'est rien. Attendre le bon moment. Le seul moment.
Il continue à bouger et elle le voit entre ses cils baissés. Les yeux peuvent vous trahir. Leur moiteur accroche la lumière, parfois. Plaquée à la pierre, elle respire si doucement que son souffle est imperceptible. Son coeur est lent, comme si elle dormait. Elle sait qu'au moment où elle bougera, il se mettra à cogner dans sa poitrine. Mais il en va toujours de même pendant un affût... Des heures peuvent passer entre sommeil et veille, dans le froid de la nuit qui se prépare à se changer en aube. Et un son suffit, la vibration d'un son, l'idée d'un son portée par la brise, pour que le corps soit prêt, sans qu'un muscle ait bougé. Elle sait qu'elle peut se faire confiance.
Les jurons et geignements de celui qui s'est pris une jambe dans l'un des pièges à sanglier ont changé de mode, il s'est accroupi pour se libérer la cheville. Le temps presse. L'archer a fait un pas. Il a presque atteint ce point où elle est certaine de l'atteindre. Sa main a glissé vers sa cuisse et saisi une des lames de lancer. Elle est prête. Il fait le second pas, le regard toujours vigilant, et elle doit attendre que ses yeux aient dépassé son rocher à elle pour agir. Brusquement les secondes lui paraissent interminables.
Est-ce qu'il perçoit cette tension soudaine qui vient l'habiter ? Les proies parfois sentent cela, redressent la tête, au moment où le prédateur se prépare à bondir, alors qu'aucun mouvement n'est fait encore. Elle se dresse sur les genoux avec une vivacité de félin, décoche son trait et sait qu'elle a fait mouche avant même qu'il touche sa cible. L'épaule droite. Celle qui fait l'effort de tendre la corde. Il sera incapable d'utiliser arc ou épée avant un moment, et sous peu, incapable aussi de bouger car son deuxième trait est prêt dans son autre main.
La douleur lui déchire le côté, et elle lâche sa seconde dague sur un grognement. La flèche et la lame se sont croisées. Le coup était trop précipité, mal ajusté, il a tiré à l'instinct. Un instant de plus et elle mourrait. Il n'aurait pas eu un instant de plus. Mais elle ne peux s'empêcher d'éprouver cette torsion des tripes que procure la certitude de ne l'avoir échappé que de très juste. D'une éraflure le long des côtes à une flèche dans le coeur ou le poumon, il y a peu, très peu de distance.
Une seconde de perdue, deux à peine. Il en est seulement à se tendre pour se mettre à l'abri. Sa main droite cueille une seconde lame à sa cuisse, elle la lance d'un geste fluide, naturel, presque nonchalant. Ce trait-là le touche juste au-dessus du genou, profondément. Un troisième dans l'autre genou achève de le neutraliser, et ses jurons furieux et douloureux s'élèvent, avec les questions affolées de l'autre en contrepoint.
Elle ne perd pas de temps et se laisse glisser à reculons de son rocher à la saillie qu'elle a utilisé pour y grimper, de là à la branche de l'arbre, puis au sol. Elle entend toujours les voix des deux hommes, des bruissements de feuillages. Ses lames dans les paumes, le souffle court et rendu un peu rauque par la souffrance qui lui enflamme le torse, elle s'éloigne vivement. Il n'y a plus qu'un homme à jurer, et c'est suspect.
Elle se coule dans les buissons, silencieuse. Contourne un petit rocher, puis un plus gros, par la droite. Arrive en vue du piège à sanglier. Il n'est plus là. Il s'est libéré.
Figée, elle ferme les yeux. Ecoute. Respire. Ressent. Au coeur de ses buissons, le dos protégé par la roche, elle calme son souffle, essaie d'étendre sa conscience, de plus en plus loin. Elle entend la respiration difficile de l'homme blessé, interprète son geignement comme une lame sortie d'une des plaies. Tente d'isoler le bruit qu'il fait de tout le reste, de l'enfermer quelque part pour ne plus l'entendre.
La forêt frémit autour d'elle. Les rocs sont silencieux. Non. Pas tous. Un frôlement. Cuir. Une botte, ou une jambière. A sa gauche. Du côté du rocher qu'elle vient de quitter. Elle voit presque dans son esprit l'homme enjamber l'amas de roches plus petites, obligé de frotter un peu de la jambe pour passer. Elle sourit. La peau nue ne fait pas de bruit. Elle avait vu juste, il cherchait à la cueillir à la descente de son perchoir. Si elle avait été moins vive...
Elle ne l'entend plus, mais ce n'est pas nécessaire. Elle sourit toujours. Il est très discret, entraîné. Ce sera une belle chasse. Elle sourit plus encore en se disant que c'est peut-être ce qu'il pense, lui aussi. Que dans son esprit, il est le chasseur, elle la proie. Très bien. Qu'il continue à le croire.
Il est blessé à la jambe. Il ne sera pas très véloce. Mais attention, il se peut qu'il ait récupéré l'arc de son compagnon. Je dois rester à couvert, et brouiller les pistes, juste assez pour l'amener là où je veux qu'il aille...
Elle se glisse entre les feuillages, courbée. Utilise les bruissements du vent pour passer ceux où elle ne peut éviter tout le bruit. Choisit les ténèbres et sème attentivement de petits repères sonores sur son chemin. Ici un craquement de branchette (réponse, là derrière, un bruissement, à vingt pas), là une branche relâchée de trop loin. Elle veille à garder entre elle et lui des écrans rocheux de préférence, végétaux par défaut.
L'archer blessé s'est fait presque silencieux. Sans doute qu'il guette, lui aussi. A ce propos, elle décide de tester son adversaire. Un rocher à hauteur d'homme pour la protéger, un espace dégagé derrière, cerné de végétation, elle pourra s'enfuir facilement et silencieusement, mais il lui faut savoir. Elle tend une main vers un rameau aux feuilles claires qui dépasse du rocher, le secoue brusquement, puis file immédiatement se glisser au coeur d'un autre buisson d'épineux.
L'oreille tendue, elle guette la corde, le sifflement, l'impact. Il faut qu'elle sache quel danger il y a à courir à découvert. Car pour lui faire oublier la prudence, il faut qu'il la voie. Elle, juste une fille. Une fille à briser. Avec qui s'amuser toute une nuit. |
| | | Un homme d'armes
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| Sujet: Re: Dans les bois obscurs Mar 31 Aoû 2010 - 8:02 | |
| Rien qu'au bruit, Lié comprit immédiatement que son aîné était hors de combat. La blessure était peut-être mortelle, peut-être pas. Dans tous les cas, il était seul. Il ressentit une pointe d'angoisse, aussitôt remplacée par de l'exultation. Il avait enfin l'occasion de faire ses preuves, sans un supérieur, ou un aîné, pour faire les choses à la place et lui reprocher d'agir sans réfléchir. Il avait maintenant acquis la conviction qu'ils n'avaient été attaqués que par un seul homme qui connaissait le terrain, et utilisait l'obscurité pour paraître plus compétent et mieux armé qu'il ne l'était réellement.
Probablement pas d'arc, sinon il l'aurait déjà utilisé. Des couteaux de lancer, donc. Mais un certain nombre d'entre eux se trouvaient actuellement dans Rodéric. Donc, danger limité. Lorsque les branches bougèrent, il se rendit aussitôt compte que sa cible faisait exprès de les faire bouger. Il tira, un mètre environ au-dessus du mouvement. Manquant volontairement sa cible pour la mettre en confiance. Le combat était devenu une chasse, et il voulait voir les yeux de sa proie avant de l'égorger. Une sorte d'ivresse l'envahit, il lâcha son arc et courut vers le bosquet, épée brandie, bougeant son bouclier et chargeant en zig-zag pour réduire le risque de recevoir une autre lame dans la chair. Même s'il était confiant sur sa capacité à pouvoir combattre même avec un ou deux couteaux plantés dans la chair... à moins bien sûr que ce ne soit dans l'œil. Mais le risque était faible. Et il se savait bon escrimeur. Bien meilleur escrimeur qu'archer.
Un mouvement. Il poussa un cri de guerre et frappa, mais ne toucha que des branches. Lors de la volte-face que fit l'ennemi, il se rendit compte que ses formes étaient indiscutablement féminines. Décidément, cela devenait intéressant. Ce serait une belle chasse. Il allait la ramener au camp, comme trophée. Et demander à pouvoir s'en occuper personnellement. On lui accorderait cette faveur, après une telle victoire.
Il la savourait d'avance, tout en poursuivant sa proie. Il avait du mal à ne pas se faire distancer dans les sous-bois, mais, lorsqu'ils parvinrent dans une clairière, il put accélérer l'allure, gagnant, quoique lentement, sur la fille. Son bouclier le ralentissant, il le laissa tomber. S'il avait eu son arc, il aurait pu tirer une flèche dans la cuisse de la fille, mais il n'était pas assez bon pour être sûr de ne pas la tuer. Même s'il ne l'avait pas laissé tomber, il aurait refusé de s'en servir. Il la voulait vivante.
Une fois qu'il l'aurait capturée, il suivrait, pour une fois, de bon cœur les conseils de ses aînés. Une fois que les privations et la douleur l'aurait brisée, elle ramperait à ses pieds en le suppliant de la prendre et en pleurant qu'elle consacrerait sa vie à le servir de la manière qui lui conviendrait. Alors, il la pénétrerait de toute sa violence. Une érection commença à monter en lui. Rodéric était un imbécile. On pouvait tout à fait combattre en bandant. Les émotions renforçaient. Et entre l'excitation sexuelle et l'excitation du combat, il n'y avait que peu de différence. Il gagnait sur sa proie, lentement, mais sûrement. En accélérant et en mettant ses dernières réserves d'énergie dans la course, il pourrait l'attraper avant qu'elle ne profite à nouveau du sous-bois pour se faufiler et le distancer.
Elle fit un saut de biche. Ridicule. Il n'y avait rien par-dessus quoi sauter. Un acte imbécile de désespoir, il n'était plus qu'à trois mètres derrière elle. Une fois qu'il l'aurait pénétrée, il lui trancherait la gorge et regarderait la flamme de sa vie s'éteindre de ses prunelles, après celle de sa volonté. Il la maintiendrait debout pour mieux profiter du spectacle, ses doigts serrés sur sa gorge.
Le sol s'ouvrit sous ses pieds. La douleur foudroya Lié sur place, et un sang noirâtre jaillit de son cœur transpercé par les pieux tandis que la semence blanchâtre suintait de son entrejambe.
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| | | Rowan Altenberg
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| Sujet: Re: Dans les bois obscurs Mer 8 Sep 2010 - 22:04 | |
| Une flèche. Puis une charge. Elle s'est glissée de côté pour s'éloigner de l'axe un peu désordonné que son poursuivant semble adopter. Elle sait très exactement où elle est, où il est lui, grâce au bruit qu'il fait, et où il faut qu'elle l'entraîne. Le moment est venu de pimenter la poursuite. Un coup de pied dans un jeune arbre en fait onduler bruyamment les branches. Le coup d'épée arrive une seconde ou deux plus tard.
Epée... il a laissé son arc. Bien. Très bien.
Elle met un peu de lenteur dans sa fuite, qu'il la voie. Elle sait ce qu'il voit... Ce qu'elle a évité de montrer aux villageois pendant des années. Une fille élancée, révélée plus que couverte par un justaucorps de peau souple, jambes nues cerclée par les sangles des dagues, bras nus, la peau claire sous la lune, la chevelure lui retombant au creux des reins, mi-libre mi-nattée. Elle prend même soin de se tourner à demi, qu'il voie la ligne de son visage, de sa gorge, avant de filer à travers les fourrés. Juste assez vite pour qu'il ne puisse la rattraper, pas assez pour le distancer vraiment.
Elle plonge le long d'un rocher incliné, dévale le flanc d'une combe, et elle aperçoit son objectif : là devant, un terrain dégagé, avant de retrouver les rocs abrupts, le passage libre entre deux hautes masses rocheuses, qui remonte en pente douce. La fosse est là, entre les deux rocs. Elle fait trois pas de large et six de long. Profonde de deux pas, et garnie de pieux pointus. De quoi tuer un ours. Alors un pourceau d'homme... Elle sourit, un sourire féroce comme elle prend sa course à travers la clairière, une course qui est un élan...
Elle l'entend souffler derrière elle, il est plus lourd, il a pris de la vitesse dans la descente. Il est plus puissant, plus rapide en terrain découvert. Mais quand elle s'aventure sur un terrain qui lui est défavorable, c'est rarement par hasard. Elle ne le fait que quand elle veut être rattrapée. Ou quand elle veut être talonnée. Celui qui la poursuit cette nuit est totalement indigne de jamais poser la main sur elle. Mais il prétend causer du tort à celui qu'elle a élu. Il mourra.
Un bond, qui doit lui sembler inutile, à lui. Elle retombe au sol sans un heurt, s'arrête deux foulées plus loin, revient sur ses pas. La fosse s'est ouverte. Il est au fond. Deux pieux l'ont traversé et percent son dos, un autre a déchiré sa cuisse. Son corps vibre dans les affres de l'agonie, mais il doit avoir perdu conscience, déjà. Elle le contemple quelques secondes, le regard dur et froid, métallique sous la lune qui ôte toute la chaleur à l'or de ses prunelles. L'homme n'a même pas crié.
Souple et agile, elle se glisse à ses côtés dans la fosse. L'épée gît au fond, tachée du sang de son propriétaire qui s'écoule à grands flots. elle la saisit, la poignée est encore chaude. Cet homme vivait il y a quelques secondes, et imaginait sans doute sa mort à elle.
Tu n'étais pas le bienvenu dans cette forêt. C'est ma forêt. Je prélève mon tribut, les bêtes auront le reste. Dans quelques semaines je viendrai recouvrir la fosse pour les ours, et tes os seront propres, tout blancs.
Elle soulève l'épée, un peu maladroitement, elle n'est pas coutumière de ces lourdes armes, mais son long poignard serait insuffisant. L'épée s'abat sur la nuque de Lié, son poids suffit à la trancher à demi, dans un craquement d'os. Elle la laisse tomber, pour le reste la dague peut faire meilleur office. Quelques instants plus tard, elle ressort de la fosse, munie d'un baluchon taillé dans la cape du mort, et lesté de sa tête tranchée.
Le retour jusqu'au premier homme ne lui prend que quelques minutes. Elle s'approche sous le couvert des buissons, silencieuse comme une prédatrice en chasse. Il a bougé, mais il n'a pu aller bien loin. Il sue de peur et de souffrance. Un bras lui pend, immobile, le long du flanc. Sa jambe saigne abondamment, il a retiré la dague. Il a mal fait. Elle le regarde clopiner sur deux autres pas, serrer les dents pour retenir ses geignements. Il cherche à gagner l'abri d'un buisson touffu. Il n'en aura pas le temps.
Il lui suffit de s'approcher un tout petit peu. Une dague s'envole de sa main, va se planter dans l'épaule valide de l'homme qui crie de surprise et de douleur. Il s'immobilise, hors d'haleine, adossé à une des hautes pierres. Elle sort de son buisson, le pas tranquille, son baluchon à la main, d'où le sang dégoutte à présent. La lune oblique la découpe comme par un fait exprès tandis qu'elle s'avance vers lui, tranquille, sûre d'elle. Elle s'arrête à deux pas de lui.
- Ne cherche pas à les enlever ou tu perdras tout ton sang. Tu saignes déjà assez de la cuisse.
Il est essoufflé, pâle, et les yeux brillants. Il la jauge.
- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
- On marche. Toi devant.
Voix calme, assurée. Posture détendue mais attentive. Et l'acier d'une lame brillant dans la main. |
| | | Un homme d'armes
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| Sujet: Re: Dans les bois obscurs Lun 13 Sep 2010 - 14:18 | |
| Rodéric se releva péniblement. La douleur le vrillait, mais il parvenait encore à garder les idées claires. Malgré la douleur, et malgré son étonnement. Une fille ?Même pas une femme, comme les guerrières lydanes, non, une fille à peine sortie de l'adolescence, une sauvageonne des bois. C'est ça qui a tué Lié et m'a transformé en pelote d'épingles ?Le vétéran se leva, boîtant exagérément pour accentuer l'impression de faiblesse qu'il savait donner. Lié et lui avaient commis une erreur en sous-estimant leur ennemi. Enfin, Lié, surtout. Mais cette erreur pouvait aussi être commise par l'autre camp. A droite, entre les deux rochers.Voix monocorde, froide, dénuée de toute trace d'empathie. Inutile de résister pour le moment. Où va-t-on ? demanda Rodéric en obtempérant. Il sentit au bref silence que la guerrière prenait le temps de la réflexion. Trop loin. Je suis assez d'accord avec toi.Rodéric avait un sens de l'ironie qui ne le quittait que rarement, même dans les situations désespérées. Ce jeune arbre, sur ta gauche. Va te coucher là, sur le dos. Et mets tes mains de chaque côté du tronc.Le mercenaire sentit une boule d'angoisse se former dans son ventre. Il n'avait aucune, mais vraiment aucune envie, d'être attaché à l'arbre et entièrement livré à la merci de cet espèce de démon de la forêt. D'un autre côté, il savait aussi qu'il n'était pas en état de résister. Il aurait pu se suicider en se jetant sur elle, mais, comme l'immense majorité des hommes, il préférait, sans vraiment savoir pourquoi, vivre quelques instants de plus, même si cela signifiait une mort horrible par la suite. Un phénomène qu'il connaissait mais contre lequel il était incapable de lutter. Il s'exécuta, notant au passage la dague dans la main de la guerrière. Avec un lien de cuir, elle lia solidement ses mains au jeune tronc. Rodéric ne put s'empêcher de grincer des dents, à la fois de rage et d'anxiété. Puis, repassant devant lui, elle s'assit sur sa cuisse valide, calant du mollet le tibia de sa jambe blessée. Une marque d'attention assez étrange, d'ailleurs. Elle aurait pu s'asseoir directement sur sa jambe blessée. Et elle le ferait peut-être s'il l'agaçait un peu. Je vais me vider... de tout mon sang... dans cette position.Rodéric avait volontairement bredouillé ces mots, afin qu'elle le croie plus faible qu'il ne l'était réellement. Non.De sa dague, elle entreprit de découper son pantalon jusqu'à mi-cuisse afin d'en faire des bandages, probablement. Très sensuel.
Ta gueule.Sortant d'une besace une sorte de poudre verdâtre, elle en versa généreusement sur la plaie, utilisant comme tampon la toile issue du bas du pantalon, fixant le tout avec une longue bande de lin. Voilà, ça t'évitera d'avoir à faire semblant de ne pas pouvoir marcher.Merde.
Autant pour le plan consistant à jouer les agonisants. Il fallait une autre idée. Et de toute urgence. Trop aimable. Bon, écoute, voilà ce que je te propose. Tu as gagné. Mais je ne suis pas seul. Mes compagnons vont venir me chercher. Et crois-moi, tu n'aimeras pas ce qu'ils te feront si tu m'as étripé ou laissé étriper. En revanche, je peux racheter ma liberté. Tu veux quoi ?Il n'obtint pour toute réponse de la fille assise sur sa jambe qu'un regard glacé, et sut avant même qu'elle parle que c'était inutile de tenter de négocier. Tes compagnons ne te trouveront pas. En revanche, ils trouveront peut-être ce qui reste de ton copain.Elle eut un sourire carnassier qui fit courir un frémissement glacial le long de la moëlle épinière du mercenaire. Ce que je veux, c'est facile. Premièrement tu cesses tes menaces ridicules, ton souffle, tu en auras besoin pour marcher. Ensuite, si tu es bien sage, tu auras au moins racheté ta vie. Pour ta liberté, tu la négocieras avec quelqu'un d'autre que moi. C'est simple. Tu obéis sans faire l'imbécile, tu vis. A la moindre connerie, par contre... La dague étincela sous la lune qui perçait la voûte sylvestre. Mais cette vision n'effraya pas outre mesure Rodéric. Il avait déjà pris la mesure de la fille, et savait qu'elle éviterait de le blesser s'il ne lui donnait pas de raison de le faire. Ce qui impliquait qu'il avait une chance, fût-elle minime, de survivre s'il coopérait. Ce qu'elle tenait sans doute à ce qu'il le sache. Trop gentille. Quel dommage, elle aurait été très bien dans l'Arc Blême.La fille rabaissa son arme et attendit, le visage inexpressif. Rodéric, se retenant de sourire, resta silencieux. La fille parlait beaucoup. Si elle n'aimait pas le silence, comme il en avait l'impression, alors cela la mettrait mal à l'aise. Il ferma les yeux. Il allait faire augmenter la pression, doucement, tout en coopérant. Si une occasion se présentait, il la saisirait. L'angoisse pouvait faire commettre... Une pression sur ses testicules lui fit rouvrir brutalement les yeux. Aucun homme n'appréciait ce genre de contact. La fille lui tenait les génitoires d'une main ferme et piquait la zone avec sa lame de l'autre. Tu veux garder laquelle, la droite ou la gauche ?Une moitié de chaque, si ça ne te dérange pas, je tiens à rester bien équilibré.La phrase ne franchit pas ses lèvres, Rodéric savait qu'elle était capable de le faire. C'est bon, j'ai compris. Je resterai bien calme.Un sourire froid lui répondit. Très bien... reprit-elle d'une voix presque ronronnante. Elle se leva, s'écarta aussitôt de lui avant de trancher ses liens. Debout et en marche.La menace testiculaire avait sérieusement entamé la pugnacité du garde, et il se laissa docilement conduire vers la forteresse, une marche de trois heures environ, épuisante dans son état. [suite ICI...] |
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