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| Chasse à la Souris... | |
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Loryn
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| Sujet: Chasse à la Souris... Dim 18 Juil 2010 - 16:04 | |
| Mal dans la poitrine. Les pieds qui commencent à s'emmêler un peu trop souvent. La vision qui part parfois dans les rouges brumeux, les tempes qui battent.
Je vais pas tenir.
Un tronc abattu en travers du sentier, elle saute, tout juste pas assez haut, trop fatiguée, une cheville qui accroche, elle retombe de l'autre côté, lourdement, sur une épaule, roule, se ramasse, et redémarre aussi vite en lâchant un "eh merde" entre ses dents, parce que l'arc lui est rentré dans les côtes et que ça fait mal ! Enfin c'est pas le pire, il aurait pu péter, cet idiot de truc... Mais elle a déjà assez mal dans les côtes avec ses trois points de côté.
Derrière elle les aboiements se sont nettement rapprochés, évidemment. Elle n'a perdu que trois secondes, mais trois secondes c'est précieux. Pour ça aussi qu'elle suit le sentier au lieu de filer en plein bois, elle serait ralentie, mais pas eux. Et comme elle perd régulièrement du terrain, elle sent venir le moment de prendre une décision de la dernière chance...
Ces saloperies cavalent bien trop vite pour moi... Il faut que je m'en débarrasse, ou je suis cuite.
Et elle a déjà essayé plein de trucs pour s'en débarrasser... Elle a même cru les avoir définitivement largués en suivant un ruisseau et en en sortant à hauteur d'un tapis bien épais et bien odorant d'ail-des-ours, en se disant que les plantes allaient couvrir sa trace. C'était pas idiot... Elle a gagné plusieurs minutes... Mais ils ont du se déployer et rattraper sa trace plus loin.
Bande d'ordures, je vous l'ai rendu votre bien, pourtant ! Vous pouvez pas l'avoir loupé, le sac, il était suspendu au milieu du sentier et il y avait tous ces satanés bijoux dedans, j'en ai même pas gardé un petit ! Et j'avais presque rien en plus, trois bracelets et quelques anneaux, et ça fait un jour et demi, un jour et demi c'est de l'acharnement !... J'en peux plus...
Elle sait qu'ils ne cherchent plus à reprendre ce qui leur appartient. C'est devenu une chasse, et elle est le gibier. Et même sans être noble tout le monde sait comment finit une chasse... La proie se fait tuer, et bouffer. Ou bouffer et tuer. Par les chiens, par les hommes... Quand le gibier est humain, la seconde possibilité est la plus probable, même si l'appétit concerné n'est peut-être pas exactement le même que quand ils forcent la laie ou la biche...
Vous m'aurez pas... ça non, jamais, vous m'aurez pas. Si vos clébard me chopent j'ai mon poignard, vous m'aurez pas c'est juré.
Et elle court de toutes ses forces, elle souffle sur sa fureur pour se donner des ailes, encore un peu. Ca aide plus que la peur. Ca fait oublier les points de côté...
Devant elle, le sentier s'élargit brusquement après un coude léger. Et là, elle le voit. Le coup de pouce de Dieu. Sa chance. Un arbre s'élève en bordure du sentier, là au bout, un miracle d'arbre, facile comme tout, une branche à hauteur de visage, et une autre un mètre plus haut, et la troisième... parfait. Un arbre parfait, un arbre providentiel. Elle geint de soulagement, ou de peur à l'idée qu'ils sont peut-être trop près, elle ne sait pas au juste mais elle geint, et elle fonce, sans se retourner. Ne jamais se retourner. On perd du temps. Elle fonce, bondit, se rétablit sur la première branche, s'élance vers la seconde.
Son bras la chope de justesse au creux du coude, le molosse a sauté et attrapé le feutre épais de sa cape courte en laine grisâtre, il l'a tirée vers le sol.
Merde, non... mes jambes ! Si les autres arrivent, mes jambes !
- Lâche-moi, charogne ! Mais lâche !...
Ruade dans le museau de la bête, encore, elle cogne du talon, de toutes ses forces, tâtonne du côté de l'agrafe de la cape qui lui scie la gorge, l'ouvre, et cogne une dernière fois sur le chien pour se donner de l'élan. Les jambes lancées vers le haut dans un brusque effort du bras et du ventre, elle enroule son corps mince autour de la seconde branche, au moment où d'autres mâchoires claquent juste en-dessous. Elle pleure tout haut, de frayeur. Mais elle se redresse quand même pour monter une branche plus haut, s'y installer à califourchon, tremblante.
Pas le temps... merde, j'y vois rien... Respire... Respire, respire...
Et tout en respirant elle passe l'arc court par-dessus sa tête et son épaule, fait sauter le capuchon du carquois. Trois chiens bavant hurlent et sautent au pied de l'arbre. Mais les chiens, ça ne grimpe pas. Un autre arrive à la traîne, un monstre gris et chevelu à la voix rauque, et puis encore un. Cinq.
J'ai douze flèches. Si vos ordures de maîtres sont assez loin, vous vous êtes morts, et moi je suis sauvée.
Une flèche part, et un chien tombe sans un cri de plus, l'empennage lui dépassant entre les mâchoires. Un second pousse son dernier jappement peu après. Le troisième n'est que blessé, il grogne comme un démon, elle l'arrête d'un second coup. Le quatrième, elle doit attendre qu'il s'immobilise, il courait de gauche à droite en grondant, elle l'a eu quand il a atteint pour la troisième fois l'extrême gauche de son parcours. Reste cette sale bête au poil rude et gris.
Vite... vite !
Elle le vise, il décampe, elle le vise à nouveau... Si elle l'effraie et qu'il se barre, il lui en restera un aux trousses... Alors elle attend le bon moment, concentrée, en essayant d'ignorer que les cavaliers sont sans doute à moins de trois minutes en arrière... La flèche part sans qu'elle se souvienne l'avoir décidé... et se plante en plein dans le poitrail du chien, qui tombe sans un cri. Une intuition qu'il ne bougerait pas, sa main a réagi avant son entendement.
Vite... pas de temps à perdre...
Elle dégringole de l'arbre, l'arc à la main, allégée de sa cape rester entre les dents de l'autre brute canine, en lambeaux. Elle reste quelques secondes droite, immobile, tendue. Elle écoute. Le galop est perceptible mais... assez loin ? Oui, non ? Elle décide de tenter le coup... Elle chope le plus petit des chiens par les pattes, l'envoie voler dans l'épais fourré derrière l'arbre d'un brusque effort des reins. L'un après l'autre, elle les dissimule dans le sous-bois, haletante, en sueur, gênée par la manche de sa chemise d'homme, déchirée il y a une demi-journée déjà, et qui lui tombe de l'épaule gauche. Les vêtements amples sont parfaits pour se couler d'embrasure en corniche, mais dans les bois, c'est vraiment pas l'idéal... Tant pis. Elle en volera une autre dès qu'elle le pourra. Et si ses poursuivants la chopent, une chemise déchirée deviendra le cadet de ses soucis. Le dernier cadavre vient d'échouer derrière les feuillages épais, le plus lourd, et elle a la tête qui tourne. Elle recule de quelques pas, très vite, balaie l'ensemble du regard. La terre est piétinée, mais pas plus qu'ailleurs. Pas de flaques de sang, ou très petites et déjà bues par le sol très sec. Pas trop de branchettes cassées dans le buisson dont elle a secoué les branches pour leur rendre une apparence intacte. La flèche... elle la ramasse. Un autre temps immobile, le galop s'est rapproché.
Une minute, ou moins. Pourvu que ça marche...
Elle file vers le sous-bois, en gardant à la main l'arc et la flèche. Sa course change et se fait plus légère, elle se glisse parmi les branches en se courbant vivement, sans les déranger, sans en briser une seule, souple et discrète comme un petit animal silencieux... Quelques secondes plus tard la clairière est redevenue tranquille à part le galop de plus en plus marqué des chevaux. D'elle, aucune trace. Là où elle est passée, c'est comme si personne n'avait jamais posé le pied.
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| | | Kern d'Averach Chef Mercenaire
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| Sujet: Re: Chasse à la Souris... Dim 18 Juil 2010 - 16:05 | |
| Tout était calme. Seul le bruissement des feuilles et le sifflement de quelques oiseaux chassaient le silence. Sa respiration ralentissait, ses expirations se faisaient plus longues, plus maîtrisées. Kern chassait toute tension de son corps. Ne pas agir dans la précipitation. Ne pas se laisser distraire. Se rapprocher de la cible. Le guerrier progressait à pas lents, attentif à son environnement, veillant à ne pas marcher sur un bois mort qui trahirait son approche. Un poignard à la main, il avançait, un pas après l’autre, vers le chevreuil qui ne semblait pas encore avoir remarqué sa présence. Ne pas attirer l’attention et se mouvoir silencieusement étaient un combat de tous les instants pour quelqu’un de sa stature. Il n’excellait clairement pas à cet exercice. Et il ne l’avait jamais aimé d’ailleurs. Difficile d’en être autrement lorsque toutes ses prédispositions se révélaient être ici son pire ennemi. Mais c’était particulièrement pour cette raison qu’il devait y faire face. Ne jamais se reposer sur ses acquis. Ne pas se focaliser sur ce pour quoi nous sommes naturellement doués. Il lui avait fallu du temps pour comprendre, lorsqu’il était plus jeune. Lorsqu’on lui enseignait… Mais depuis, bien des choses n’étaient plus ce qu’elles étaient alors.
Le chevreuil se nourrissait des jeunes pousses d’un arbuste, à quelques mètres de lui seulement. Son instinct ne l’alertait toujours pas. Mais chaque pas se faisait désormais plus hostile. Kern se tenait prêt à en finir. Les derniers pas se succédèrent rapidement, la lame fut brandie. Le chevreuil redressa brusquement la tête et détala sans demander son reste. Des aboiements de chiens retentissaient au loin et se rapprochaient rapidement. Kern d’Averach les écouta quelques secondes, intrigué, avant de se retourner vers les deux trappeurs embusqués dans les fourrées, qui l’accompagnaient pour son entraînement. Les trois hommes se regroupèrent et partirent dans la direction des molosses qui semblaient bien affamés. Aucun seigneur ne chassait si loin, ils y avaient veillé avant d’y faire halte. Les soldats du camp ? Impossible, ils ne venaient pas de la bonne direction. Kern et ses hommes se rapprochèrent du sentier. Les chiens avaient cessé leur course.
Il leur fallut moins d’une minute pour les apercevoir, bondissant férocement sur le tronc d’un arbre, rôdant comme des charognards à son pied.
Une flèche fendit l’air. Un jappement, puis une bête s’écroula. L’arbre… Les mercenaires levèrent les yeux. Une jeune fille à califourchon sur une franche, un arc à la main. Le teint pâle, le souffle irrégulier, le regard flottant. Ses yeux gris captivèrent Kern un court instant, pendant lequel elle se concentrait pour mettre à mort le dernier cabot qui la harcelait. Le colosse recula de quelques pas, aussitôt suivi par ses deux trappeurs, et ils s’enfoncèrent lentement dans les fourrées pour y disparaître.
Le bruit des chevaux au galop ne leur avait pas échappé. Ils arrivaient. La chasse était bien donnée, la jeune fille était le gibier d’aujourd’hui semblait-il… Elle se démenait pour faire disparaître toute trace de son combat ici, avant l’arrivée de ses poursuivants. Les hommes ne se laissaient pas abattre aussi facilement que les chiens et son carquois était vide désormais. Son combat s’arrêtait là à présent. Les cavaliers étaient tout proches. Leur proie fila précipitamment dans les bois sans laisser de trace. Elle s’était à peine éloignée de quelques mètres de la clairière qu’un bras puissant surgît de derrière un arbre. Lui barrant la poitrine, il la stoppa net dans sa course et la plaqua au sol. Kern posa un genou sur l’abdomen de la jeune fille pour la maîtriser. Un poids du diable qui la clouait assurément au sol et rendait sa respiration difficile. Le guerrier agrippa fermement les fins poignets qui pourraient avoir l’audace de lui planter la flèche dans la gorge ou de saisir un poignard. Il toisait de ses yeux sombres la fugitive, tandis que les sabots martelaient le sentier non loin de là. |
| | | Loryn
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| Sujet: Re: Chasse à la Souris... Dim 18 Juil 2010 - 16:06 | |
| Souffle coupé, hoquet silencieux, le sous-bois qui bascule et une série de chocs violents qui achèvent de la désorienter complètement. Le sol dans son dos et derrière sa tête, pas même le temps de comprendre, et puis cette masse immense qui vient lui occulter la lumière déjà maigre qui tombait d'entre les feuillages. En même temps, deux chevaux morts lui arrivent en plein ventre et chassent ce qui lui restait d'air dans les poumons. Le monde sombre dans un gris rougeâtre et pulsatile, peuplé de petits éclairs de ténèbres... sa vision se brouille, elle réalise à peine qu'on vient de lui emprisonner les poignets, ses mains soudain sans force ont lâché l'arc et la flèche... Tentative d'inspiration, presque vaine, mais presque ne veut pas dire totalement... nouvel essai, et le filet d'air qu'elle parvient à inspirer la ramène du seuil de l'inconscience avec lequel elle flirtait dangereusement.
Elle reprend brutalement contact avec la réalité. Et le premier aspect de la réalité c'est ce poids qui lui oppresse le ventre, et le regard d'encre qui la cloue tout aussi efficacement au sol. Second aspect, au moins aussi préoccupant, le tonnerre du galop de ses poursuivants, si proche qu'elle pourrait voir les pieds des chevaux si elle tournait la tête. Mais il n'est pas question de tourner la tête. Pas question d'échapper à ce regard d'une dureté impossible. Tout ceci ne dure que quelques secondes. Pour elle c'est la moitié de sa vie. Les questions lui rugissent aux oreilles comme des eaux déchaînées.
Qui est-il ? Qu'est-ce qu'il fait là ? Qu'est-ce qu'il me veut ? Est-ce qu'il est avec eux ? Est-ce qu'il me veut du mal ? Est-ce qu'il va me donner ? Est-ce qu'il va attirer leur attention ? Les appeler ? Me relever brutalement par le col de ce qui reste de cette putain de chemise et leur montrer ce qu'il a attrapé ? Demander une récompense ? Rigoler gras en me balançant comme un sac entre les pieds des chevaux ? Non... non... non...
Et c'est tout ce qu'elle arrive à faire passer, terrorisée, le coeur dans la gorge, le souffle oppressé et douloureux, le grondement de la galopade qui fait concurrence à celui de son sang, les yeux débordants de peur et de souffrance verrouillés à ceux de l'homme immense qui a bloqué sa fuite, sans rien savoir de ses raisons, de ses desseins... Plus rien que la panique glacée et l'urgence. Elle essaie de respirer. Essaie de vivre. Et pour ça, ce petit mouvement de la tête, gauche, droite, gauche, non, non, non... Supplier de la tête, des yeux. Et prier pour que les chevaux s'éloignent...
Dernière édition par Loryn le Dim 18 Juil 2010 - 16:08, édité 1 fois |
| | | Kern d'Averach Chef Mercenaire
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| Sujet: Re: Chasse à la Souris... Dim 18 Juil 2010 - 16:08 | |
| Elle n’avait pas la force de lutter, de se débattre. Peut être luttait-elle depuis trop longtemps déjà… La peur contenue dans ses yeux gris était assez évocatrice en soi. Kern ne détournait pas son regard, tandis que les cavaliers passaient en trombe sur le sentier situé à quelques mètres seulement. Le guerrier détaillait scrupuleusement le visage de la jeune fille, attentif à tout ce qu’elle pouvait exprimer en cet instant. Un torrent d’émotions la submergeait. Il était lui-même conscient de son intensité.
Elle remuait la tête autant qu’elle le pouvait, dans des suppliques silencieuses bien plus significatives qu’auraient pu l’être ses mots. Elle n’avait plus aucun contrôle sur son existence et son devenir dépendait entièrement d’un inconnu. Kern se demanda ce qu’elle serait prête à offrir à cet instant précis où son univers se restreignait inexorablement, au point de l’engloutir peu à peu dans des ténèbres froides et menaçantes. Lorsque quelqu’un se sentait au seuil du point de non-retour, il était souvent prêt à tout sacrifier pour se raccrocher à la vie. Son existence le lui avait démontré bien des fois.
Loryn approchait ce point de non-retour…
Le galop s’éloignait déjà, un des trappeurs rejoignit discrètement le bord du sentier pour apercevoir les cavaliers de dos. Ils poursuivaient leur route à brides abattues, sur une piste déjà disparue. Mais Kern n’avait cure de ces étrangers. Il ne détournait pas son attention de Loryn.
- Préfères-tu vivre en esclave ou mourir en femme libre ?
La question était sans équivoque. Il guettait sa réaction. Il avait le pouvoir de prendre sa liberté s’il le désirait, mais il lui laissait le choix. Le colosse ne relâchait pas la pression de son genou qui écrasait le corps de la jeune fille. Elle ne pourrait lui répondre. Mais son regard serait assez explicite.
Dernière édition par Kern d'Averach le Dim 21 Mar 2021 - 1:26, édité 2 fois |
| | | Loryn
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| Sujet: Re: Chasse à la Souris... Dim 18 Juil 2010 - 16:12 | |
| Elle a cessé de faire non avec la tête. Ils sont passés. Ils peuvent revenir, mais ils sont passés, pour le moment. Elle a trouvé le moyen de respirer quand même, du haut de la poitrine, vite et trop superficiellement, mais c'est déjà ça. Il la fixe toujours, elle aussi. Il parle, elle ferme les yeux. Juste une seconde. Elle ne pleure pas, pas encore. Juste un temps les paupières baissées, peut-être un temps pour se dire qu'on n'a pas vraiment entendu ça...
Et voilà. Tomber de la poele dans le feu, ça s'appelle. Mais pourquoi je suis pas partie de l'autre côté...
Mais lui faire attendre la réponse, c'est risquer que les autres crétins montés sur leurs canassons réalisent qu'ils ne suivent plus aucun aboiement, reviennent... et là les options risquent de s'enrichir d'une troisième alternative : mourir, en esclave aussi.
Ce n'est pas vraiment un choix. C'est pas juste...
Elle a une inspiration hoquetante que le genou bloque, douleur dans le ventre, douleur dans les épaules étirées.
... pas mourir... je veux pas mourir...
Même pas un filet de voix, pas possible. Pas assez de souffle pour ça. Le murmure, oui, à peine. Et le hochement de tête, à nouveau. Non. Pas mourir. Et tant pis pour les détails. Pas mourir, ici, maintenant. Non.
Dernière édition par Loryn le Dim 1 Aoû 2010 - 22:40, édité 1 fois |
| | | Kern d'Averach Chef Mercenaire
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| Sujet: Re: Chasse à la Souris... Dim 18 Juil 2010 - 16:13 | |
| Le colosse demeurait impassible devant la résignation de sa nouvelle proie. Ses prunelles noires qui ne quittaient pas le regard de Loryn semblaient tout aussi écrasantes que le guerrier lui-même. Elles la sondaient, d’une manière implacable et inquisitrice, capables de franchir toutes les barrières et de mettre à nu les émotions et les sentiments de la jeune fille. Au bout d’une éternité qui n’avait duré que quelques secondes, Kern relâcha la pression et se redressa, permettant ainsi à la captive de respirer.
Il ne lui laissa pas le temps de soulager ses poumons brûlants toutefois car il la relevait par les poignets qu’il n’avait pas lâchés. Le chevalier sans maître la retourna sans aucune difficulté et la plaqua contre son torse, l’un de ses bras puissants barrant la poitrine à demi-nu de la nouvelle esclave pour l’empêcher de fuir.
Malgré les amples vêtements qu’elle portait, la large déchirure de la chemise dévoilait ses formes arrogantes, qui ne pouvaient désormais plus échapper à Kern de toute manière. Mais le guerrier ne se laissa pas distraire. Sa main glissa jusqu’aux hanches de Loryn et tira le long poignard du fourreau qui était attaché à la ceinture. Il le glissa dans son dos, à proximité de sa hache, et poursuivit son examen sans la moindre gêne. Après avoir parcouru rapidement le ventre, les hanches et le bas du dos, la main du guerrier glissa le long des cuisses de sa captive pour s’assurer qu’elle ne possédait pas une autre arme dissimulée. Sans oublier les bottes…
Il fit ensuite un signe à l’un des trappeurs et se saisît du morceau de corde destiné à l’origine au gibier, que le chasseur lui tendait aussitôt. Kern empoigna un bras de Loryn et l’amena derrière le dos de la jeune fille, rapidement rejoint par le second. Entre ses mains, elle n’était qu’un pantin. Il la manipulait à sa guise. L’une des mains imposantes du colosse se referma alors sur les deux avant-bras joints tandis que l’autre ligotait fermement les poignets. Elle était sa prisonnière. |
| | | Loryn
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| Sujet: Re: Chasse à la Souris... Lun 19 Juil 2010 - 2:13 | |
| Respirer... ça fait presque aussi mal que ne pas pouvoir le faire. Mais évidemment elle ne crie pas, ne geint pas. Pas de bruit. Surtout aucun bruit... Même quand il la fait lever d'une traction à lui arracher les épaules. Elle se retrouve debout, les jambes flageolantes, ce qui ne présente pas la moindre espèce d'importance puisqu'il l'a plaquée contre sa poitrine et qu'il la tient serrée d'un bras épais et dur comme une racine. Elle a la tête un peu pendante et ne songe même pas à résister. Rien que la paluche gigantesque qui lui enserre les deux poignets suffit à lui faire comprendre qu'elle n'est pas de taille, qu'elle ne serait même pas de taille en pleine forme et reposée. Elle subit la fouille minutieuse sans protester, les dents serrées, avec un infime mouvement de recul quand il s'approche par trop de zones sensibles... même si reculer signifie buter contre une muraille de muscles qui ne bouge pas d'un poil. Vexant, quand même... Il lui inspecte tout, de la nuque aux chevilles, et évidemment, le long couteau quitte sa ceinture. Il n'y avait rien d'autre à prendre, son arc est par terre, et son sac à crochets doit être à un pommeau de selle quelconque, avec le maigre butin qui lui cause tout ce tourment... *** ******* *** Loin en avant, les trois cavaliers ont ralenti, et celui qui est en tête fulmine, arrêtant son cheval d'un coup de rênes agressif qui lui fait courber l'encolure. Ses deux compagnons l'imitent, moins sauvagement sans doute. Le chasseur fixe les deux hommes qui se tiennent tranquillement debout au bord du sentier, et qui le regardent avec la curiosité paisible de gens qui n'ont rien à se reprocher, donc probablement rien qu'on puisse leur reprocher. - La fille et les chiens, quand sont-ils passés ? Répondez !Hargneux et plein de morgue, un jeune seigneur très énervé, et donc très impoli... Le plus âgé des deux hommes lui répond calmement, pas plus impressionné que ça. - Seigneur, nous n'avons vu aucun chien, et aucune fille.Ce n'est pas qu'il soit particulièrement arrogant, il est juste... un peu trop serein au goût du chasseur, qui le vrille de ses yeux sombres, puis regarde derrière lui, devant, encore derrière, jure, peste, prend ses deux compagnons à témoins qu'elle n'a quand même pas pu quitter le sentier sans laisser de trace, cette petite garce... et les deux hommes d'opiner, certainement seigneur, à courir comme elle devait courir, avec les chiens après elle, nul doute qu'il y aurait eu un sillage de branches cassées... Juron, encore. Il est très très énervé... Il fait volter le cheval écumant de la bouche, et torpille les deux hommes d'un regard assassin. - Et vous, que faites-vous là ? Savez-vous sur quelles terres vous vous trouvez ?Le plus âgé des deux hommes plisse légèrement les yeux... *** ******* *** Un bras derrière, puis l'autre, elle expire sa douleur entre ses dents serrées, ses épaules lui font mal. A nouveau cette poigne effroyable qui lui piège les deux bras. Elle voit passer la corde. Et bientôt elle la sent s'enrouler autour de ses poignets. - Trop serré...Elle a sifflé ça tout bas, la tête courbée, vers l'arrière, avec toute la rage qui lui reste, et un début de haine. Tu profites. Facile, attrape quelqu'un au vol, mets-lui la vie dans la balance, et puis fais-en ce que tu veux. Mais t'as intérêt à la tenir serré, ta putain de corde...Et elle continue, pour épancher sa furie, juste un peu, profitant qu'elle n'a pas entendu le galop revenir... - Toi qui vois, si ça te dérange pas qu'elles deviennent toutes noires et qu'elles tombent...Et elle se met en marche sous l'impulsion d'une bourrade dans le dos. Que peut-elle faire d'autre ? Elle se courbe pour se glisser sous les branchages à la suite des deux compagnons de la grande brute qui la mène à la longe, et qui n'a même pas eu l'élémentaire courtoisie d'accuser réception de son persiflage. Elle les suit et le précède, notant avec une certaine anxiété qu'ils suivent la direction du sentier, quoique assez à couvert pour en être invisibles. C'est plus difficile sans les mains, et elle n'en pouvait déjà plus... Mais elle ne trébuche pas, et ne fait aucun bruit, beaucoup moins en fait que l'autre ours, là derrière. Question de fierté. Fierté mise à mal d'ailleurs de constater que la corde n'est pas du tout trop serrée. Et qu'il a gagné une esclave pas cher, qui gardera ses deux mains. Une marée sombre au fond du ventre. Colère, désespoir, épuisement... Sombre comme deux yeux noirs qu'elle voit encore flotter au-dessus des siens, durs et glacés. Elle serre les dents, respire, avance. Et se jure qu'elle les crèvera. Les yeux noirs, et celui à qui ils appartiennent. Et là-devant, les éclats de voix leurs parviennent, étouffés par la distance.
Dernière édition par Loryn le Dim 1 Aoû 2010 - 22:47, édité 1 fois |
| | | Kern d'Averach Chef Mercenaire
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| Sujet: Re: Chasse à la Souris... Lun 19 Juil 2010 - 2:15 | |
| La petite avait de la morgue à revendre, maintenant qu’elle n’asphyxiait plus sous son poids. La peur n’était pas ce qui dictait uniquement sa conduite. Kern capta un éclat assez évocateur au fond de son regard gris. Un éclat qu’il connaissait bien… Résignée et impuissante, mais toujours sauvage. Prête à mordre à la moindre occasion.
Certains lui auraient envoyé une bonne paire de claques pour la faire taire. Mais le mercenaire préférait user d’une toute autre méthode. Parfaitement indifférent aux commentaires cinglants, il poussa Loryn devant lui pour qu’elle avance. Elle était à bout de force. Progresser ainsi dans les bois, attachée, lui était difficile. Elle s’efforçait tout de même de ne pas se montrer défaillante, de ne pas tituber. Sauvage et fière… Voilà une combinaison qui se révélait intéressante aux yeux du chevalier.
Les soldats dictaient leur rythme à la prisonnière, Kern la poussait régulièrement lorsqu’elle ne progressait pas assez vite. Pas de bourrade violente non, juste une main qui revenait souvent dans le dos de Loryn pour la faire aller de l’avant, sans lui laisser le temps de bien voir où elle posait les pieds. Le rythme de la marche était usant, tout comme l’indifférence du colosse derrière elle. Elle n’avait plus d’emprise sur son devenir, ni même sur les nerfs de celui qui l’avait capturé. Elle ne contrôlait rien.
Une voix parvint à leurs oreilles après plusieurs minutes de marche dans les bois. Le sentier… Kern posa une main sur l’épaule de la captive pour qu’elle cesse d’avancer. Attentifs, les soldats écoutaient. A nouveau cette voix au loin qui s’élevait. Ses propos étaient inaudibles, mais son ton était sans équivoque. La voix fulminait… Les cavaliers ? Ils avaient une bonne raison d’être en colère en découvrant la farce dont ils avaient été victimes.
D’une pression sur l’épaule, Kern intima à Loryn d’avancer en direction des voix. Les deux chasseurs qui l’accompagnaient se déployaient de part et d’autre en progressant plus rapidement vers le sentier, mais toujours à couvert. Ils ne tardèrent pas à apercevoir le chemin de terre et les trois cavaliers qui se dressaient face à deux hommes d’armes parfaitement calmes. Des sentinelles de la Compagnie.
- Seigneur, nous n'avons vu aucun chien, et aucune fille.
Kern d’Averach regardait le noble s’exciter du haut de son cheval. Incapable de donner la chasse à une jeune fille, il compensait sa frustration par une agressivité non dissimulée envers les deux hommes au bord de la route. La main du chevalier demeurait sur l’épaule de Loryn. Son attention était portée sur la confrontation, mais il n’oubliait pas la prisonnière.
- Et vous, que faites-vous là ? Savez-vous sur quelles terres vous vous trouvez ? Le plus âgé des deux hommes plissa légèrement les yeux...
- Oui Seigneur, nous savons où nous nous trouvons. Et comme vous le voyez, nous faisons une halte. Lorsque l'on voyage à pieds, la route est tout de suite plus fatigante.
Les deux sentinelles gardaient leur sang-froid et faisaient preuve d’une certaine nonchalance. Le genre de bougres qui ne cherchaient pas les problèmes et qui ne tendaient pas la main lorsqu’on leur en offrait. L’agressivité du seigneur ne trouvait pour le moment pas écho chez eux…
Dernière édition par Kern d'Averach le Dim 21 Mar 2021 - 1:26, édité 2 fois |
| | | Loryn
Messages : 601
| Sujet: Re: Chasse à la Souris... Lun 19 Juil 2010 - 2:21 | |
| Le cheval danse. Les jambes qui lui enserrent les flancs se sont crispées, la main a serré les rênes et tiré brusquement dans sa bouche, il piétine sur place, reflétant dans ses mouvements l'état de nervosité de son cavalier. Celui-ci s'adresse au plus vieux des deux hommes à pied, d'un ton de voix désagréablement aigre.
- Et donc vous qui "voyagez" sur ce sentier, vous n'avez vu passer ni fille, ni chiens.
L'insistance en dit long, et la note de sarcasme très appuyée à un moment. Pourtant l'homme reste calme, paisible, apparemment imperméable à l'excitation et à l'énervement qui suintent dans toute l'attitude du cavalier comme de sa monture.
- Ni fille ni chiens, Seigneur. C'est assez rare dans une forêt pour que nous le remarquions.
Une réponse tout sauf suffisante, malgré tout le bon sens qu'elle recèle, pour le jeune chasseur qui est pourtant obligé de s'en contenter. Il se retourne sur sa selle, scrute le sentier d'un air sombre, puis regarde devant, derrière encore. L'un de ses deux compagnons, un jeune noble également d'après sa mise et le prix de sa monture, tente d'intervenir par un "Peut-être que..." immédiatement tranché.
- Peut-être que rien du tout, glapit l'autre. On aurait vu sa trace !
Il se retourne brutalement vers des deux hommes, au point que son cheval se raidit une fois encore.
- Et entendu ? Est-ce que vous avez entendu des chiens ?
Le plus vieux fait un simple signe négatif de la tête, tout en soutenant calmement le regard soudain courroucé du jeune seigneur, outré d'un tel manque de respect. Il les apostrophe brutalement, et toute cette agressivité rentrée, cette frustration contenue se rue par cet exutoire... Il rugit.
- Je t'ai posé une question, chiure d'insecte !
- Et je vous ai répondu, Seigneur... Peut être devriez vous rebrousser chemin et chercher la trace de votre fille et de vos chiens plus loin...
- Ce n'est pas à toi de me dire ce que je dois faire ! J'irai où je veux quand je le veux ! D'ailleurs qui me dit que tu n'es pas en train de protéger cette petite salope, hein ? Après tout vous êtes de la même espèce.
Autant le cavalier s'emporte, autant les deux hommes d'armes, s'ils ressentent la tension, restent calmes et corrects... jusqu'à ce que le plus âgé des deux, la cible principale de la vindicte du chasseur, réagisse à l'insulte.
- Mon espèce de salope est tout autre, Seigneur... J'évite de courir pour ma part...
- A qui crois-tu parler, immondice !
Le cavalier écume de rage. Que ce moins-que-rien ne lui réponde pas ce qu'il désire entendre, c'est une chose. Mais qu'il se permette de se payer sa tête, là... Son compagnon tente l'apaisement, une fois encore...
- 'bert, laisse tomber, on va rebrousser chemin, on a du la r...
- PAS QUESTION ! Ce merdeux se fout de moi, je suis sûr qu'il ment...
Il se tourne à nouveau vers le soldat. Son expression a évolué progressivement, mais c'est à présent qu'elle révèle vraiment toute sa malveillance malsaine, le rictus fiévreux, la lueur de fureur au fond de l'oeil... Il reprend, et son sourire ferait peur à des hommes moins courageux... ou moins entraînés.
- Allez crapule, avoue... avoue et je te laisse vivre.
- Je n'ai rien à avouer, Seigneur. ni fille, ni chiens... Peut être se sont ils tout simplement enfoncés dans les bois et que vous les avez manqué... Un chien de chasse aboie, ça s'entendrait s'il y en avait ici...
- Ici ? Me prends-tu pour un imbécile ?... Il y a quelques minutes nous les entendions devant nous, donc dans ta direction. Ils sont passés devant toi et ton giton, j'en doute de moins en moins. Mais je ne vois pas comment vous deux, avec vos gueules d'idiots, vous auriez arrêté cinq de mes chiens... Donc ils ne sont pas ici, c'est évident...
Sa voix est dangereusement douce, effroyablement raisonnable. Cette fois c'est certain, il y a de la folie dans son regard. L'homme d'arme est prudent, mais il ne cède pas un pouce.
- Si vous les entendiez il y a quelques minutes, vous les auriez toujours entendu en arrivant ici. Les chiens ne sèment pas des cavaliers sur un sentier. Encore moins une fille traquée, à moins de couper dans les bois...
Le cavalier hurle subitement, la gueule enflammée par la furie.
- Mais même dans les bois on les entendrait, imbécile ! D'autant plus qu'ils courraient moins vite que sur un sentier !
Le second compagnon, un écuyer sans doute, plus jeune et plus timide, a un mot malheureux...
- Seigneur Sigisbert... il a l'air sincère, peut-êtr...
- TA GUEULE, larve. JE décide de qui a l'air sincère ou pas !!!
Les dents serrées et les yeux qui crient au meurtre, le seigneur Sigisbert a dégainé son épée, et l'a pointée vers son propre écuyer. Et non loin de là, dans les épais fourrés qui bordent le sentier, un quatuor silencieux assiste à toute la scène.
Il est givré. Complètement fou. Oh merde... Merde, pourvu que...
La main de son ravisseur pèse sur son épaule. Comme si elle allait bouger... En ce moment elle est changée en pierre, c'est tout juste si elle ose respirer. Cet homme-là l'a poursuivie pendant presque deux jours, elle a été près de tomber sous sa griffe, près de s'enfuir, puis la voilà à présent sous la lourde patte de l'Ours, à regarder à travers les feuilles écumer le Molosse... en se demandant en fin de compte, quel sera celui qui la bouffera. Lequel a le plus de crocs, le plus de griffes. Entre l'homme immense et silencieux, d'une froideur minérale, et le fou furieux qui tonitrue son envie de carnage, là tout près... Si le choix était à elle, il serait immédiat. Oui mais voilà. Que veut-on d'elle, à la fin ? Devant, c'est clair et net. L'avoir, pour lui faire mal, longtemps, horriblement. Et derrière, qu'est-ce qu'on a comme intentions, au juste ? |
| | | Kern d'Averach Chef Mercenaire
Messages : 451
| Sujet: Re: Chasse à la Souris... Lun 19 Juil 2010 - 2:29 | |
| La situation s’envenimait de plus en plus. Il était clair que les jeunes nobles n’allaient pas rebrousser chemin comme ça. Kern glissa lentement sa main dans son dos pour s’emparer du manche en bois de l'arme qui était passée dans sa ceinture. Une simple hache de bucheron, plus appropriée pour couper du bois que pour combattre, mais elle se montrerait suffisante pour tailler les chairs si le besoin se faisait sentir. Il attrapa Loryn par la nuque, la poigne de fer de cette énorme patte sur le cou crispé de la jeune fille la fit tressaillir. Le colosse avança à découvert, quittant le sous-bois pour s’arrêter sur le bord du sentier avec sa prisonnière. Il toisa calmement les traqueurs.
Sigisbert se retourna prestement aux bruits de pas et des fourrées que l’on traversait. Le cavalier était plutôt sur les nerfs. Il considéra la montagne et la souris froidement. Un sourire orgastique ne tarda guère à se dessiner à la vue de sa proie qu’il pensait perdue. Cette petite traînée était là, à quelques mètres de lui seulement, impuissante… Il lui ferait payer ça, elle n’allait pas aimer… Le regard dément du jeune noble en disait long.
Les yeux sombres de Kern se posèrent finalement sur lui.
- C’est cette fille que vous voulez, seigneur ?
Le sourire de Sigisbert s’accentua davantage encore.
- Oui… Exactement…
Le chasseur jubilait de la terreur qu’il lisait désormais dans le regard de la souris. Il baissa toutefois les yeux vers la poitrine de Loryn, que la chemise déchirée laissait jaillir honteusement. Il la dévorait littéralement des yeux.
- Nous n’avions vu que son dos jusqu’à présent… je dois dire que le côté pile vaut le côté face…
Le cavalier ne put retenir un grand éclat de rire, savourant déjà les sévices qu’il comptait lui faire endurer. Le corps et le petit minois de la voleuse l’inspiraient terriblement, il sentait déjà l’excitation le gagner.
Toujours aussi froidement, le mercenaire questionna l’intéressé sans s’émouvoir du regard de prédateur qu’il portait à la captive.
- Et combien seriez-vous prêt à payer pour l’avoir ?
Loryn se raidit à cette question. Kern le sentit dans sa main. Elle plus que quiconque savait le destin qui l’attendait si elle tombait entre les griffes de ce seigneur.
Ce dernier haussa un sourcil, visiblement surpris par la question.
- Payer ? Mais elle m’appartient…
La souris s’agitait, cherchant désespérément un moyen de se libérer de l’étreinte de l’imposant chevalier derrière elle. Mais le bras qui la maintenait était puissant, la douleur dans sa nuque réelle.
- Pas depuis que vous lui courrez après sans parvenir à mettre la main dessus.
Sigisbert écarquilla les yeux. De la stupeur, de la colère. Sa bouche se tordit dans un rictus coléreux et méprisant.
- Qu’as-tu osé…
Loryn se pencha brusquement en avant sans attendre qu’il puisse terminer sa phrase, en envoyant un bon coup de cul dans la cuisse du colosse pour le déstabiliser. Son étreinte sur la nuque se relâcha et la souris lui échappa… un bref instant seulement. Le guerrier faucha la jeune fille de la jambe gauche, avant qu’elle n’ait pu se redresser pour prendre la fuite. Le pied du colosse vint se poser sur Loryn après qu’elle eut heurté le sol. Il ne l’écrasait pas de tout son poids, loin de là, mais la pression était telle que la petite voleuse était clouée au sol. Elle hurla de douleur, de colère et de désespoir. Elle se débattait au sol, rampant dans la poussière sans pouvoir échapper à son sort. Les chevaux hennirent et reculèrent légèrement, aussitôt repris par leur cavalier respectif.
Kern d’Averach se tenait de trois-quart par rapport aux chasseurs, dominant la fuyarde. Il baissa les yeux sur Loryn. Le même regard étrange et pesant que lorsqu’elle suffoquait au sol il y a peu de temps encore.
- Pensais-tu pouvoir fuir bien loin dans ton état ?
La petite lui adressa un regard de pure haine. Elle saignait du nez… la lèvre aussi. Elle s’était sans doute mordue. Oh oui elle le crèverait… Cela prendrait le temps qu’il faudra mais elle l’aurait. Le chevalier sans maître pouvait presque l’entendre.
- Tu n’as que deux possibilités. Pars avec lui ou viens avec moi.
Il lui laissait le choix ?
- Mais n’espère pas nous échapper maintenant…
Un nouvel éclat de rire retentit. Un rire étrange. Celui qu’on pouvait avoir lorsqu’on était sincèrement amusé par une mauvaise blague.
- TU n’as que deux possibilités… Tu me la remets et tu vis, tu ne me la remets pas et tu meurs…
Sigisbert n’était pas d’humeur à ce qu’on lui résiste. Du haut de sa monture, la stature de l’homme qui se tenait non loin de lui ne l’impressionnait pas. Il guida son cheval un peu plus près, sans trop s’approcher pour ne pas se trouver à portée de la hache. Il fit signe à ses deux comparses de faire de même avec les deux sentinelles, plutôt discrète depuis l’arrivée de leur chef.
- Allons, l'homme... Tu seras récompensé pour ta peine, mais cette affaire n'est pas la tienne. La fille est à moi.
Kern l’ignora royalement. Son regard n’avait pas quitté celui de Loryn. Il était à l’affût de sa réaction. Elle non plus ne détournait pas le regard. Il oscillait entre plusieurs expressions violentes : fureur, terreur, désespoir… Tout se succédait en boucle au fond de ses yeux. Les dents serrés, le sang à la bouche, au nez, les larmes aux yeux… Sans desserrer les dents, ni détourner les yeux, elle cracha son souhait.
- Pas lui.
La réponse fut sans appel. La main droite de Kern, masquée par sa position de trois-quart qu’il avait veillé à entretenir, s’était saisi du poignard à sa ceinture. La lame fendit l’air en direction du cavalier. Le couteau vint se planter dans la poitrine, en dessous de la clavicule. Le sourire de Sigisbert se figea… de stupeur. Il laissa échapper un léger gémissement. Ses deux comparses n’avaient encore rien remarqué. Le noble se mit à vaciller du haut de sa selle puis lâcha son épée. |
| | | Loryn
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| Sujet: Re: Chasse à la Souris... Lun 19 Juil 2010 - 2:32 | |
| Ce doit être le son mat de l'épée tombant au sol qui attire leur attention. Plus que l'étrange sifflement qu'il émet, et qui ne vient qu'après. Un son bizarre... effrayant. Loryn se tord pour essayer de voir, elle ne voit que les jambes du cheval et celles du cavalier, mais elle entend... et ce bruit est... obscène.
Un mouvement vif, c'est l'un des deux chevaux qui volte et part au galop, lancé par le jeune écuyer qui prend la fuite. Deux sifflements ténus, deux impacts, le jeune homme bascule et s'écroule dans la poussière, traîné sur quelques mètres par le cheval qui n'a pas eu le temps de prendre beaucoup de vitesse et qui s'arrête, les rênes prises dans les mains crispées de son cavalier mort.
Le compagnon du jeune seigneur a blêmi. L'épée qu'il avait tirée sert maintenant surtout à garder à distance les deux hommes d'arme qui sont passés à l'attaque à présent, à l'exemple de leur chef. Il abat son arme sur le plus vieux des deux hommes qui l'esquive de son mieux, mais reçoit malgré tout une entaille au bras. Le jeune cavalier tente de s'approcher du cheval de son compagnon, toujours immobile sur sa selle, toujours absorbé à produire de sifflement étrange et dérangeant... Il a fort à faire pour garder à l'oeil à la fois ses deux adversaires, l'immense homme qui a atteint son ami, et son cheval qui danse, agité. Il tente tant bien que mal de saisir les rênes du cheval du cavalier blessé... Il n'a pas encore pris conscience du fait que l'écuyer gît dans la poussière. Préoccupé par l'immobilité de Sigisbert, effrayé par le colosse et la facilité avec laquelle il a modifié le rapport de forces, il commet une erreur... la dernière. Oublier qu'il tient le vieux soldat dans le coin de l'oeil, et qu'il ne voit plus le plus jeune. Il reçoit le couteau du jeune garde entre les omoplates. Deux flèches tirées du couvert des bois viennent finir le travail. Un travail net et précis, sans chichis, sans bavures...
Sur un geste de Kern, les deux gardes vont saisir les rênes des chevaux, et les deux archers sortent du couvert des arbres. Le jeune seigneur regarde toujours son agresseur, les bras ballants, le manche du couteau sortant de la poitrine, et son regard est empli de toute l'indignation du monde, et son souffle produit toujours cet horrible sifflement, auquel s'est ajouté depuis quelques secondes un gargouillement répugnant. Sous le pied du colosse, Loryn ne bouche pas, toute raidie, une boue de sang et de poussière collée par endroits sur le visage. Ses dents sont serrées jusqu'à la douleur.
Mais qu'il se taise. Qu'il se taise. Je ne supporte plus ce son.
Elle halète sous le pied de Kern, autant à cause du trop-plein de tension que parce que son poids entrave une fois de plus sa respiration. Il se penche et la relève par le bras, elle geint à travers ses dents, même s'il n'a pas été trop brutal. Elle ne le regarde pas, elle fixe le sol, le souffle précipité. Elle reste droite, tendue comme une corde d'arc, quand il essuie de la main le plus gros de la poussière et du sang sur son visage. Même s'il est évident que le fait de ne pas marquer de recul à son contact a été un effort violent. A côté d'eux, le jeune garde a pris les rênes du cheval de Sigisbert, qui tout à coup s'agite. Son sifflement s'accentue et se trouble, il perd l'équilibre et s'abat lourdement à côté de sa monture, sur l'épaule et le haut du dos. Il a un cri étranglé, et Loryn tressaille, plus crispée que jamais.
Au mépris de son évidente répugnance, Kern l'entraîne vers le seigneur agonisant. Il halète par gargouillements affreux, saigne beaucoup, une mousse rouge s'est formée au coin de ses lèvres et ses yeux sont sombres comme deux puits de terreur. Le colosse se penche sur l'homme, le fixe, et lui demande, la voix d'une froideur impressionnante :
- Quelle valeur lui accordais-tu ?
Pour toute réponse, l'homme tousse. Le sang ruissellement maintenant sur son visage. Derrière l'épaule de Kern, blafarde, Loryn se sent près de vaciller. Profitant du fait que l'autre lui tourne le dos, elle se mord l'intérieur de la joue.
Ne va pas tomber dans les pommes maintenant. Pas question. |
| | | Kern d'Averach Chef Mercenaire
Messages : 451
| Sujet: Re: Chasse à la Souris... Lun 19 Juil 2010 - 2:38 | |
| L’homme agonisait, Kern n’obtiendrait pas sa réponse. Le prix qu’il avait payé était de toute manière bien supérieur à ce qu’il aurait prétendu. Mais il payait davantage le prix de sa bêtise que le prix de l’esclave. Impassible, le mercenaire regardait le jeune fou s’étouffer très lentement dans son propre sang. - A toi d’en finir comme tu le souhaites… Dans les yeux de Sigisbert, la souffrance et le désespoir. Kern se baissa sur le mourant et sa main se referma sur le poignard de Loryn qu’il avait planté dans le torse. Il fixa le regard suppliant qui lui était adressé, laissa quelques secondes s’écouler, puis retira brusquement la lame du corps du malheureux. Un bref gémissement, puis le sang coulait déjà abondamment de sa blessure. La lame court le long de la gorge du mourant, l’ouvrant d’une oreille à l’autre pour accélérer son agonie. Loryn a plissé les paupières, durci les mâchoires. La fin de sa traque effrénée. Elle se terminait avec lui. Un léger relâchement des épaules, elle se détendit malgré elle, soulagée, jusqu’à se qu’elle sente la corde lui enserrant les poignets. Son corps se crispa à nouveau. Elle ne bougeait plus, pétrifiée par cet autre cauchemar qui ne faisait que débuter. Sentinelles et chasseurs s’affairaient autour, rassemblant montures, armes et tout ce qui pouvait avoir de la valeur. Ils en feraient meilleur usage que les vers. Kern d’Averach les laissa faire et baissa les yeux sur Loryn. - Tu as eu de la chance finalement… La captive releva le nez, le visage de marbre, le regard froid. Mais elle arborait un sourire dérangeant, avec un brin de folie qui pourrait inquiéter si ce n’était pas sur sa belle frimousse à elle. - Une chance de pendu… J’avais trouvé le moyen de m’enfuir et ils ne m’auraient jamais retrouvé… Sa voix était basse, très douce, comme si elle racontait une histoire à un enfant, avec un de ces sourires forcés qui manque volontairement de sincérité. - Mais il y avait un ours embusqué derrière un arbre… qui me dit que j’ai de la chance que mes poursuivants soient crevés, au lieu de bredouille… Elle marqua une seconde de silence, tout sourire, avec les dents serrés et un regard assassin qui contrastaient grandement avec le ton employé. - Manque que la fée bleue, en fait… Kern demeurait impassible devant son petit jeu. Elle ignorait la chance qu’elle avait eue. Que ce noble ait été assez stupide pour aboutir à cette résolution. S’il l’avait vendu à cet homme, elle n’aurait pas tenu le même discours. Mais il changerait sûrement plus tard… Le regard du colosse se portât sur la poitrine à demi-nue de Loryn, devant lui, exténuée et sans arme. Sa traque ne se serait pas achevée avec ces hommes pour sûr. - Tu aurais été bien loin ainsi assurément… Une étincelle de fureur embrasa les yeux de la souris. Ils n’exprimaient déjà pas vraiment l’amour, mais le fait de sentir ce regard intrusif et insondable sur ses formes la faisait bouillir intérieurement. - Oui, jusqu’à la première ferme où j’en aurais piqué une pas déchirée. D’ici là les écureuils et les lapins auraient vu mes seins, la belle affaire. Vaut toujours mieux que les ours ou les blaireaux… - Tu apprécieras peut être plus encore la compagnie des loups et des chiens… La petite serrait les dents davantage et préféra détourner les yeux, de peur qu’ils se mettent à lancer des éclairs. Elle cracha ses mots avec un mépris évident. - T’as raison en fait. C’était mon jour de chance. Elle resta à regarder le cadavre de Sigisbert, brûlant d’extérioriser sa colère. Loryn avait la folle envie d’éclater quelque chose. Ne pas le regarder… Ne SURTOUT pas le regarder… Elle avait le souffle convulsif de quelqu’un qui tente de dominer une émotion forte. Kern ignora la prisonnière. Il n’avait guère envie de converser pour le moment. Un regard vers les sentinelles et il donna ses directives. - Je ferai venir la relève rapidement. Reprenez votre poste en attendant.Les deux chasseurs tenaient les nouvelles montures par la bride. Les cadavres étaient jetés en travers des chevaux pour les faire disparaître plus loin. Kern poussa Loryn sans ménagement le long du sentier et le petit groupe reprit la route, laissant les deux gardes veiller le chemin. La captive résista un peu, juste assez pour manifester sa mauvaise volonté, sans se rebeller ouvertement pour autant. La pression derrière elle ne le lui permettait pas de toute manière. Après un regard vers les chevaux et les cadavres détroussés, elle ne put s’empêcher de provoquer davantage. - Une demi-lieue par là, y a du chien si ça vous dit, pour la soupe.- Pour t’éviter de crever de faim en cage ? Si tu préfères…La souris ricana, tout en continuant d’avancer. - Pourquoi ? Ce que je préfère, ça compte ?- Plus maintenant…Kern poussa à nouveau la captive pour qu’elle presse le pas. Le camp de la Compagnie n’était qu’à quelques lieux à peine. Loryn ricana à nouveau, tout bas cette fois-ci, et murmura à elle-même : - Enfin un peu de franchise…(La suite ICI) |
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