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 Partie de chasse

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Iseult d'Higden
Reine d'Eiralie

Iseult d'Higden


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MessageSujet: Partie de chasse   Partie de chasse Icon_minitimeMar 30 Aoû 2011 - 12:11

La reine se réinstalle dans sa selle, confortablement montée en amazone. Le simple fait pour Iseult d'enfourcher un cheval normalement peut faire jaser la cour pendant plusieurs semaines, l'expérience l'a montré. Les grands du royaume semblent détester que les femmes de la noblesse écartent les cuisses devant autre chose qu'eux-mêmes.

Zénith secoue la tête, comme en signe d'approbation à ces pensées politiquement incorrectes, et Iseult lui flatte l'encolure. Zénith est un hongre alezan doux et docile, capable de courir très rapidement lorsque le besoin s'en fait sentir, mais dépourvu de cet orgueil imbécile qui pousse les étalons des jeunes chasseurs à faire la course tout en se donnant des coups de dents pour le simple plaisir de deviner lequel se cassera une jambe en premier dans un terrier de lapin.

Iseult ne chassera pas aujourd'hui. De manière générale, ce n'est pas une chasseuse. Quoique puissent en dire à mi-voix certaines mauvaises langues de la cour, la reine n'a presque rien d'une lydane. Elle n'a jamais vécu dans la forêt sauvage, toujours dans un palais. Là où sa mère, dans sa jeunesse, pouvait faire face sans peur à un loup affamé, Iseult n'a jamais tué le moindre animal. Et n'en ressent d'ailleurs pas le désir.

Les aboiements des chiens s'éloignent, et Iseult reste seule, avec ses quatre gardes personnels et Aldric à proximité. Même les courtisans et les dames de compagnie ont pris un peu de distance. Maintenant, la reine et son escorte avancent au pas au milieu d'une vaste clairière. Iseult sent ses gardes se détendre quelque peu. La maison d'Higden a de lourds antécédents en matière d'accidents de chasse et elle peut entendre Guilhem, le chef de ses Gardiens, comme Aldric, son plus proche garde du corps, grincer des dents à chaque fois qu'elle annonce son intention de participer à l'une de ces aventures.

Pourtant, les chasses sont un moyen de poursuivre le jeu des intrigues pour le pouvoir dans un cadre différent. Pendant que les jeunes fils de seigneur se délectent à mettre à mort un sanglier qui ne demandait rien à personne, leurs aînés se livrent à un jeu tout aussi périlleux quoique moins sanglant.

Vu les aboiements des chiens, je pense qu'ils ont dû lever un gros gibier. Un cerf, ou un sanglier.


Ici, sur les contreforts septentrionaux des montagnes d'Avranie, les terres sont riches et giboyeuses. Les chasseurs n'ont que l'embarras du choix.

Nous avons un peu de temps avant qu'ils reviennent. Alors...


Elle se tourne vers l'un de ses gardes. Le jeune fils du seigneur d'Artelion. Bretteur hors pair, comme tous ses collègues. Ayant comme eux fait les preuves de sa loyauté. Iseult sent le regard d'Aldric se poser distraitement sur eux, avant de recommencer à observer les alentours. Inutile de compter sur le guerrier lydane pour connaître les dernières rumeurs légères et sans intérêt que la reine recherche en ce moment.

... quels sont les derniers potins des gardes ?


Les petites histoires sans intérêt sont intéressantes, justement. Elles permettent de prendre le pouls d'une cour chroniquement mécontente depuis l'accession au trône d'une reine en partie lydane. Et même quand elles n'apportent rien, elles sont une distraction comme une autre. Une distraction que, d'une manière puérile, Iseult apprécie beaucoup.
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Trystan d'Artelion
Gardien de la Reine
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MessageSujet: Re: Partie de chasse   Partie de chasse Icon_minitimeLun 5 Sep 2011 - 18:43

Aaaaaaaaaah. Les chasses. Un de ces grands plaisir de la noblesse. On cour après un gibier, on l'accule, on le bloque, le harcèle et au final, on sonne l’hallali dans une magnifique démonstration de pure virilité masculine. Et les demoiselles et pucelles de la cour qui, lorsqu'elles participaient attendaient le retour de leur grand champion avec, elle l'espérait, la carcasse de quelque animal féroce qu'il déposerait à leur pied en gage de leur amour. Romantique petit tableau... enfin, jusqu'à se que la demoiselle qui aurait la chance de recevoir le monstre se rende compte que cela n'est pas des plus... romantique. Sur le papier, ça sonne bien pourtant... mais sur le papier seulement. Se faire offrir une bête morte... un petit chaton tout mignon ou un bel oiseau peu certes paraître bien plus banal, mais au final... c'est largement préférable.

Pour sa part, Trystan resterait en arrière cette fois. Non pas que le plaisir des mises à mort d'un animal acculé le dégoutte, il appréciait ce genre de distraction. Non, c'était plutôt qu'il était en service. La reine Iseult avait prit la décision de participer à la chasse. Enfin... participer, c'était beaucoup dire. Disons plutôt qu'elle faisait acte de présence dans cette chasse à cour. Il aurait été de mauvais ton en effet que la reine mette elle même à mort un sanglier en pataugeant dans le sang et les boyaux de celui-ci. Certes, on disait qu'elle avait hérité d'un caractère de femme lydane bien trempé, mais tout de même, il ne fallait pas non plus exagérer.

En parlant de lydane...

Trystan comme ses trois congénères des Gardiens de la Reine ne quittait bien entendu pas leur souveraine des yeux, mais jetaient des regards méfiants à Aldric. Un lydane est un lydane. Et dans bon nombre de famille noble comme dans celle des Artelion de Castle-Fer, on a tôt fait d'apprendre qu'un bon lydane est un lydane mort. Le fait que la reine mère soit issue de ses sauvages hirsutes des forêts de l'ouest et que la reine elle même partageait leur sang n'avait absolument rien pour arranger les choses. Au mieux, les seigneurs préféraient éviter d'y penser. Au pire, on murmurait que bientôt, la reine se marierait avec un étranger et que le royaume serait alors entre les mains d'un roi plus barbare qu'eiralien.

Et puis, les vieilles querelles ont la vie dure dans les anciennes familles. Tankrède d'Artelion avait fait ses armes lors du siège de Falyse par l'armée lydane et son père y était mort.

Le jeune homme fut tiré de ses sombres pensées au moment ou la reine s'adressa directement à lui. Il n'avait que peu fait attention à son précédent commentaire sur la distance à laquelle se trouvait la meute... ou sur se qu'ils avaient dut trouvé. Il ne savait même plus en fait. Juste qu'elle avait parlé des chiens qui aboyaient.

Après tout, quel importance ce qu'elle pouvait bien dire pour meubler un petit peu le silence après tout. Il était là pour la protéger. Pas pour satisfaire une envie de babillage. Sauf si elle le lui demandait ou si ça s'avérait nécessaire. Mais en général, les gardes du corps ne sont pas des personnes qui ont un sens très aigu de la conversation. Se serait même plutôt le contraire.

« Nous avons un peu de temps avant qu'ils reviennent. Alors... quels sont les derniers potins des gardes ? »


Question piège. Et en plus, cela tombait sur lui. Forcément. Le piège, c'était de savoir se qu'il pouvait en effet raconter et se qu'il ne pouvait pas dire. Difficile de se décider. Les rumeurs qui courraient portaient soit sur l'argent, soit sur des histoire de coucheries. Est-ce que c'était vraiment conseillé de parler de cela avec sa souveraine ? Sans doute pas.

Manque de bol, s'il y en avait un qu'il ne fallait pas interroger pour se qui était d'un discourt langue de bois, c'était bel et bien Trystan. Un petit condensé dans ce cas.

« Eh bien, mis à part les petit défis et paris habituels... »


Il espérait vraiment qu'elle n'allait pas lui demander de quoi il parlait. Parmi les paris à la vogue en ce moment, il y avait celui de tenter de deviner le futur époux de la jeune reine d'Eiralie. Pas certains qu'elle trouve cela particulièrement flatteur et encore moins que tout les Gardiens sans exception avaient misé au minimum vingt écus sur un candidat.

« La baronne d'Oreth a apparemment l'intention d'organiser une nouvelle fête. »


Pauvre baronne. La dernière fois qu'elle avait organisé une fête, tout le monde à la cour s'en souvenait car, rapiat comme elle l'était, elle avait cherché à diminuer autant la facture que possible. Résultat, les aliments étaient un peu avarié et les trois quarts des invités avaient passé les deux jours suivants malade à ne plus pouvoir quitter leurs lits.

« Le seigneur de Mortegarde a encore dut acheter des esclaves. Il les usent un petit peu trop vite apparemment. On dit qu'il va se marier. Certains se demande combien de temps la pauvre demoiselle pourra tenir. »

Allé. Encore un ou deux petits ragots et il en aurait terminé avec ça. La reine serait contente et on pourrait rentrer au retour des chasseurs et éviter de prendre des risques inutiles en cherchant à perpétuer la tradition des accidents de chasse dans la maison Higden.

Mais c'était bien entendu sans compter sur Aetius.

« Tu es timide Trystan ? Tu oublie le principal potin de la Garde en ce moment. »

Forcément, il fallait qu'il y ait quelqu'un qui en parle. C'était obligé. Beau parleur, Aetius était un jeune homme d'environ sept ans l’aîné de Trystan. Un de ceux qui faisait partit de la garde du palais au moment du soulèvement de Castel-Gaillard. Aussi connu à la cour pour sa chevelure d'un blanc éclatant ornée d'une unique mèche noire et sa réputation de séducteur que pour ses talents de bretteur.

« Sa Majesté n'a sans doute pas remarqué... mais il y a peu, Falyse a reçus la visite de Dame Lucrèce de Hautetour. La propre sœur cadette de notre compagnon Trystan. Elle venait célébrer avec lui en petit comité les vingt et un ans de votre loyal serviteur. »

Trystan ne put s'empêcher de soupirer légèrement. Mais il fallait avouer que pour faire parler, elle avait fait parler d'elle. Ce n'était pas tout les jours qu'on pouvait voir une esclave comme Sophia.

« Sa Majesté aura peut-être noté la présence d'une jeune femme bien habillée, la gorge dissimulée par un ruban et une tablette de cire à la main. Il s'agit là du cadeau fait à Trystan par sa sœur. En ce moment, on parle beaucoup de cette demoiselle parmi vos gardes madame. Et surtout... du temps que votre dévoué serviteur prendra avant de la mettre dans son lit. »

Le pire étant sans doute que c'était vrai. Certains dans les rangs des Gardiens avaient même commencé de petit pari là-dessus.
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Iseult d'Higden
Reine d'Eiralie

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MessageSujet: Re: Partie de chasse   Partie de chasse Icon_minitimeDim 11 Sep 2011 - 16:23

Les petits potins sont plus grands qu'ils n'y paraissent. La reine sait que ses efforts pour prendre la mesure de l'ambiance qui règne parmi la noblesse sont probablement futiles. Guilhem s'acquitte de cette tâche bien mieux qu'elle-même ne pourrait le faire. Et de fait, ce sont d'abord à lui que rendent compte les Gardiens. Pourtant, ses origines pourraient offenser certains de ses subordonnés, surtout ceux issus de la moyenne voire de la haute noblesse. On pourrait penser qu'ils rechigneraient à l'idée d'obéir aux ordres d'un parvenu de soldat crasseux, mais ce n'est nullement le cas. Le sens de la diplomatie du nouveau seigneur de Cîmerouge et sa manière de concilier modestie et autorité lui ont permis d'être reconnu tout naturellement. De sorte qu'Iseult sait parfaitement qu'elle n'aura que les miettes de ce qu'a eu Guilhem en matière d'informations.

Mais une femme appelée à régner sur un pays de la taille de l'Eiralie ne peut se permettre de se reposer sur d'autres pour toutes choses. Il lui faut au moins savoir par elle-même une partie de ce qui se passe dans le royaume. Les petites rumeurs, en plus d'être distrayantes, font partie de cette tâche.

Quelle ironie, que la souveraine d'Eiralie se contente de potins de servantes quand un roturier et une lydane traitent des complots d'envergure...

Iseult sait qu'il va lui falloir mériter sa place dans les affaires du royaume. Si les montagnards d'Avranie peuvent être impressionnés par une couronne et une tenue d'apparat, ce n'est nullement cas de sa propre famille ni de ses anciens compagnons. Il faudra faire preuve de volonté et de clairvoyance.

La seule réponse aux propos de Trystan sur la baronne d'Oreth est une prière silencieuse à toutes les divinités d'ici et d'ailleurs.

Pourvu que je n'aie pas à aller à cette fête.

Iseult ne s'est pas trouvée à la dernière-après tout, honorer une simple baronne de la présence royale est un acte politique qui ne se décide pas à la légère- mais les conséquences digestives en ont été célèbres.

Je ne crois pas que la baronne renouvellera sa dernière erreur. Personne n'apprécie les hôtes trop près de leurs sous, surtout lorsque cela se remarque trop. Je pense au contraire que sa nouvelle fête sera un déploiement de faste et de richesse, pour faire oublier la catastrophe de la dernière fois.

Après tout, tous le savent, un noble qui se fait mettre au ban par ses semblables se retrouve très vite en difficulté. Redorer un blason terni mérite bien quelques dépenses supplémentaires.

La reine s'abstient de tout commentaire concernant le seigneur de Mortegarde. Personnage déplaisant s'il en est, sur lequel Guilhem garde en permanence un œil, juste au cas où. Non qu'on le soupçonne de velléités de trahison, mais sa cruauté fait tâche. Il est très peu probable que ses esclaves soient morts d'excès de nourriture ou de satisfaction. Il y a eu aussi quelques cas suspects de viols de paysannes, qui n'ont jamais pu identifier leur agresseur, mais dont l'enfant présentait des similitudes troublantes avec le seigneur de Mortegarde. Un jour, il ira trop loin. Mais, pour le moment, les impôts sont versés, les ordres de la Couronne exécutés, son domaine bien géré, d'un point de vue administratif comme financier. Un loyal et zélé vassal, donc intouchable. Pour le moment. Iseult n'attend que la première occasion de lui faire payer son comportement, mais elle sait que cette occasion ne se présentera sans doute jamais. Un autre nécessaire compromis en politique.

A côté de cela, de ces choses que les Gardiens n'ont pas à savoir et ne savent donc pas, la petite anecdote de Trystan et de son cadeau d'anniversaire fait figure d'histoire pour enfants. Mais le fait qu'il se soit abstenu d'en parler rend forcément nécessaire de s'étendre sur le sujet.

Et ? Dans combien de temps pense-tu la mettre dans ton lit ? Quel est son nom, d'ailleurs ?

La réponse est évidente. Les hommes mettent peu de temps à satisfaire leurs besoins sexuels. Surtout lorsqu'il s'agit d'une esclave et qu'elle n'a pas d'avis à donner sur ce qu'on fait de son corps. Le temps qui s'écoule entre le moment où un homme (surtout un soldat) prend possession d'une esclave physiquement convenable, et celui où il la prend, varie de quelques instants à une semaine. Dix jours si la demoiselle a eu son indisposition mensuelle au plus mauvais moment.
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Trystan d'Artelion
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MessageSujet: Re: Partie de chasse   Partie de chasse Icon_minitimeSam 17 Sep 2011 - 3:06

« Je ne crois pas que la baronne renouvellera sa dernière erreur. Personne n'apprécie les hôtes trop près de leurs sous, surtout lorsque cela se remarque trop. Je pense au contraire que sa nouvelle fête sera un déploiement de faste et de richesse, pour faire oublier la catastrophe de la dernière fois. »

Trystan haussa légèrement les épaules. Malheureusement pour lui, il avait fait partit de cette peu glorieuse cohorte d'invité qui avaient été convié à ce banquet et étaient tombé malade. La baronne était pingre au possible et il avait déjà planifier de refuser si une invitation lui était à nouveau présentée. On ne savait jamais et la semaine qu'il avait passé penché au dessus d'un pot de chambre était bien loin de pouvoir prétendre à un titre de meilleur moment de sa vie.

Une fois, c'était bien assez, tant pis si la baronne se trouvait quelque peu vexé que l'héritier des Artelion décline son invitation. Le comportement était peut-être un petit peu anti-politique, mais que voulez vous. On ne peu pas lutter contre son instinct de conservation. C'est la nature humaine. Enfin, la nature animale en général parce que n'importe quel rongeur réussissait à mémoriser une leçon aussi cuisante.

Malheureusement, il avait fallut qu'Aetius s'en mêle.

Eh zut.

Et comble de la malchance, voilà que la reine semblait quelque peu décidé à approfondir le sujet. D'un autre côté, c'était assez compréhensible. Le jeune homme paraître particulièrement étrange aux yeux de bien des membres de la noblesse. De même que dans celui des simple soldats. Difficile d'en trouver un seul qui devant une esclave prête à s'offrir à lui se serait contenté de passer la nuit à côté d'elle sans rien dire. Il voyait sa sœur venir de loin. Elle avait toujours cherché le pouvoir et la reconnaissance. Mais là, il fallait être honnête, elle avait fait fort. Oui, vraiment très fort.

S'il se comportait comme tout homme normalement constitué et dépositaire d'un appareil génital en état de fonctionner le ferait dans ce genre de cas, il la mettrait dans son lit et se serait la porte ouverte à un nouveau mariage avec une autre noble. Histoire de perpétuer le sang des Artelion dans leur ligne directe. Dans le pire des cas, il garderait juste l'esclave comme amante et avec un peu de chance, elle finirait bien par engendrer un bâtard.

Même bâtard, un enfant de la lignée directe serait toujours prioritaire dans la succession à la tête de la baronnie par rapport à un cousin ou à un oncle. C'était ainsi.

Et dans les deux cas, le futur seigneur de Castle-Fer devrait son existence aux agissements de sa charmante tantine.

Difficile de ne pas voir le profit qu'elle pourrait tirer de cela le jour où elle se déciderait finalement à éliminer purement et simplement son époux. Ça aussi on en parlait de temps en temps à la cour, mais très peu étant donner que ni Adam, ni Lucrèce n'étaient souvent à Falyse.

« Et ? Dans combien de temps pense-tu la mettre dans ton lit ? Quel est son nom, d'ailleurs ? »

Aetius rit doucement en entendant la reine poser sa question.

« Vous trichez majesté. Il faut parier, fit-il en souriant. »

Trystan quant à lui se contenta de pousser un léger grognement.

« Difficile à dire votre majesté. Elle est incapable de parler et n'a pas put nous livrer de véritable nom. Ma sœur l'a baptisé Sophia. Mais de temps à autres, elle l'appelle Inconnue. »

Belle façon de ne pas répondre à la question principale bien entendu. Enfin, il allait tout de même le faire. C'était une question directe que lui pausait la souveraine légitime d'Eiralie. Pas la marchande de poisson qu'on pouvait trouver au marché ni la servante qu'on pouvait tout à fait envoyer balader comme si de rien n'était.

« Pour le reste, sa majesté l'ignore peut-être, mais il se trouve que je porte le deuil de mon épouse, Cyrielle d'Artelion. Mettre une femme dans mon lit n'est pas dans mes projets immédiats. »

Et dire que certains seigneurs n'attendaient même pas que leurs épouses soient mortes pour venir fourrer une nouvelle paire de cuisses entre leurs draps. Lui était toujours prisonnier du spectre de Cyrielle. Elle était morte voilà trois années, mais il ne parvenait pas à la laisser partir. Sophia l'avait troublée, lui qui s'était habitué à dormir seul... sentir qu'il y avait tout proche de lui un autre corps était quelque chose d'assez déstabilisant.

« La rébellion de Castel-Gaillard a... entraîné beaucoup de pertes... »

Préférant détourner la conversation de lui, Trystan enchaîna rapidement sur tout autre chose. La reine voudrait peut-être en savoir d'avantage. Mais il ne comptait pas s'ouvrir dans l'immédiat et surtout pas en pleine forêt avec trois compagnons et un de ces sauvages de l'est pour témoin.

« Si vous me le permettez majesté, vous avez eu là un petit échantillon de se dont parle les hommes de votre cour. Mais... vous êtes sans doute mieux placée pour une autre partie des potins. Pouvez vous nous parler un peu des dernières rumeurs chez les dames ? »
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Iseult d'Higden
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MessageSujet: Re: Partie de chasse   Partie de chasse Icon_minitimeDim 2 Oct 2011 - 16:31

La reine a un insignifiant haussement d'épaules. Elle a perdu elle-même son propre père juste avant la rébellion de Castel-Gaillard. Et, même si les plaies du passé sont loin d'être refermées, elle a appris à vivre avec. Ce qui n'est manifestement pas le cas de Trystan. Trois années déjà, et toujours pas de nouvelle femme ?

Oui, j'ai appris pour votre femme. Je suis navrée. Mais souhaiterait-elle vous voir seul pour le reste de votre vie ?


Enfin, peu importe. Iseult n'a pas vocation à être l'épaule compatissante sur laquelle pleurent ses gardes du corps. Même si elle aimerait bien qu'il trouve de nouveau une femme. Son petit côté commère et entremetteuse, sans aucun doute. Mais à partir du moment où Trystan a clairement exprimé sa volonté qu'on change de sujet, Iseult ne voit aucune raison d'être inutilement malpolie. Aussi enchaîne-t-elle immédiatement.

Pour ce qui est des rumeurs qui circulent parmi les dames...


Iseult fait rapidement le tri dans sa tête. Certains ragots peuvent être aussi dévastateurs qu'un coup d'épée, et il serait sage de les tenir le plus secrets possible tant qu'ils ne sont pas avérés.

... je dirais qu'elles sont du même genre que celles qui font le tour du corps des gardes. A ceci près qu'elles ne concernent pas les mêmes personnes.

Et que les exploits sexuels des divers protagonistes ne sont pas grossis démesurément par l'orgueil masculin si typique des soldats de carrière.


En parlant du baron de Mortegarde, si vous le rencontrez sous peu, il y a des chances qu'il tienne à rester debout en votre présence. Non pas par manifestation de déférence, mais parce qu'il a eu un accident de cheval récemment. Et que la partie de son individu qui sert habituellement à s'asseoir s'en est trouvée fort meurtrie.


Une lueur d'intérêt s'allume dans les yeux d'Aetius, et la reine ne peut s'empêcher, avec une jubilation mal dissimulée, de dévoiler le détail humiliant de l'affaire.

En fait, il voulait châtier un garçon qui s'était interposé sur son chemin. Et au moment où il levait son épée, le gamin, au lieu de s'enfuir, s'est rué sur son cheval en hurlant. La monture s'est cabrée, et on connaît la suite. Le gamin n'a jamais été retrouvé.

Prends ça, Mortegarde !

Mais ce frisson de joie passager est vite balayé par le remords. Cette rumeur est tout à fait exacte, mais le fait qu'elle la connaisse montre qu'Iseult a des espions parmi la noblesse de son royaume. Fait évident aux yeux de tous, mais qui gagnerait à ne pas être mentionné trop souvent, ne serait-ce que par courtoisie. C'est un faux pas non négligeable que vient de commettre la reine, et elle le sait. D'autant que beaucoup de Gardiens de la Reine appartiennent justement à la noblesse en question.

Mais Aetius la tire de son embarras.

J'entends le cor de chasse. Ils ont acculé une proie.


Je veux la voir !


Iseult lance son cheval au galop, suivie par ses gardes. Du coin de l’œil, elle constate leur mécontentement. En tant que gardes du corps, ils n'ont aucune envie de voir leur protégée s'approcher d'un sanglier blessé et acculé. D'ailleurs, elle non plus n'a aucune envie de voir un animal innocent se faire déchiqueter par une meute de chiens féroces. Mais cette diversion a une chance de faire oublier aux gardes son bavardage inconséquent. Du moins, l'espérer ne coûte rien.
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Trystan d'Artelion
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MessageSujet: Re: Partie de chasse   Partie de chasse Icon_minitimeDim 9 Oct 2011 - 8:27

Espèce d’infâme petite dinde !

Cette phrase fort peu élogieuse manqua de peu de franchir les lèvres de Trystan lorsqu'il entendit les paroles de la reine. Non mais sans blague, pour qui elle se prenait cette greluche ? Est-ce qu'elle avait au moins une fois dans sa vie croisé le chemin de Cyrielle ? Ça n'était même pas sur. Pour qui elle pouvait bien se prendre pour s'approprier ses pensées et les souhaits qui auraient put être ceux de la défunte jeune femme. Elle avait peut-être elle aussi perdu un proche, son père, peu avant la rébellion de Castel-Gaillard, mais c'était loin de lui donner le monopole de la souffrance, et plus loin encore d'être en droit de s'accaparer les pensées des morts.

Après les insultes, se fut une remarque particulièrement acide et tranchante qui manqua de traverser les lèvres de Trystan. Après tout, pourquoi est-ce que lui ne pourrait pas faire de même ? Et s'il lui proposait de trouver un nouvel époux pour sa mère ? Après tout, le roi aurait-il souhaité voir sa reine seule pour le reste de sa vie ?

Heureusement, il y a quant même une sorte d'instinct de conservation qui fit que le jeune homme ne répondit rien et réussi à conserver le calme et par dessus tout, le silence. Enfin, les personnes qui lui portaient une certaine attention pouvaient presque lire dans sa façon raide de se tenir, l'éclat de son regard ou ses mâchoires crispées que se qui lui traversait la tête n'était certainement pas un éloge de la jeune souveraine, mais plutôt... un flots ininterrompu d'injures et d'invective à en faire rougir une putain des Venelles. Eh oui, on apprenait pas que des ragots sans intérêt pour distraire la reine quant on servait chez les Gardiens.

Elle était en train de leur déblatérer ses propres ragots que Trystan écoutait d'une oreille assez distraite. Mortegarde avait fait une mauvaise chute de cheval ? Dommage qu'il ne se soit pas définitivement briser les reins. Quoi que cela aurait put le rendre plus désagréable encore. Même si cela commençait à devenir bien plus compliquer, il fallait bien l'avouer tout de même.

Et si l’intérêt s'est plus qu'allumé dans les yeux d'Aetius, il n'en demeure pas moins que Trystan était pour le moment plus d'humeur à maltraiter un pauvre mannequin ou un poteau d’entraînement qu'à badiner tranquillement sur les milles et une façons dont Mortegarde avait put ressentir une cuisante douleur dans le fondement.

Bon, il fallait bien l'avouer tout de même, le fait qu'il ait été mis dans cette position par un esclave avait quelque chose d'amusant, mais ça n'était pas la façon la plus drôle qu'on aurait put imaginer, il fallait bien l'admettre.

Enfin... quant on y réfléchissait, le fait qu'elle connaissait autant de détail sur les circonstances montraient deux choses. En premier lieu, la petite reine avait son réseau d'informateurs et d'espion. Cela n'était pas étonnant. Tout le monde avait des réseaux dans tout les sens. Pour sa part, Trystan soutenait le réseau mis en place par son père et qui était curieusement restreint. Les Artelion se contentaient d'espionner l'entourage de la souveraine. C'était logique en un sens. Ils avaient les yeux et les oreilles sur tout. Tout se qu'il restait à faire, c'était avoir les yeux et les oreilles sur eux.

La deuxième chose que cette petite histoire révélait étant que le seigneur de Mortegarde était sous surveillance. Et sous surveillance assez rapprochée apparemment. Ou la reine avait un informateur parmi son entourage propre. Se faire ridiculiser de la sorte par un esclave qu'on est incapable de rattraper ensuite, se n'est pas le genre de choses dont on se vente.

Mortegarde était sous une surveillance relativement intensive. Y avait-il une raison particulière à cela ?

Un long son résonant sous les arbres mit fin aux pensées de Trystan.

« J'entends le cor de chasse. Ils ont acculé une proie. »

Aetius, ce cher Aetius, toujours aussi doué pour énoncer les évidences.

« Je veux la voir ! »

DE QUOI ?!?

Ah non non non non non. Très mauvaise idée.

Malheureusement, avant qu'ils n'aient vraiment put faire quoi que se soit, la jeune souveraine avait piqué des deux pour foncer tête baissée en direction du cor qui continuait à sonner. Les quatre Gardiens sans exception n'eurent d'autre choix que filer à sa suite.

Maudit soit le sang des Lydanes.

Elle avait envie de voir la fin de la chasse et l'hallali. En plus tu parle d'un terrain pour galoper. Un véritable calvaire. À chaque instant un des chevaux aurait put se briser une patte dans une racine et emporter son cavalier avec, bloquant le passage et éloignant l'escorte de la reine. Et pire encore, si c'était elle qui tombait. Son cheval pourrait bien l'écraser. Elle pouvait bien se briser la nuque en faisant une chute.

Damnée inconsciente.

Heureusement, les ennuis ne pointèrent le bout de leur nez qu'une fois arrivée devant la scène de chasse.

Qui était le chasseur et qui était le gibier ? C'était une bonne question. Les chasseurs avaient trouvé un gros animal en effet. Gros, poilu, marron, musculeux et avec une bonne bedaine.

Un ours. Un ours visiblement rendu complètement fou par l'agitation qui régnait tout autour de lui. Et forcément, plus il s'énervait, plus les chasseurs apeuré par la colère de l'animal s'agitaient se qui ne faisait qu’amplifier la nervosité du mastodonte. En tout cas, si la jeune souveraine souhaitait voir le sang couler, elle en eu l'occasion au moment où la patte de l'ours faucha un des chasseur, emportant avec elle la moitié de son crane.

« Il ne faut pas rester là. »

Déjà, les Gardiens avaient tiré l'épée, même s'ils doutaient que cela puisse être d'une très grande efficacité au cas ou l'ours se décidait à les attaquer, mais ils pouvaient difficilement faire mieux.

Il fallait repartir et vite avant que la bête ne se rende compte de leur présence et ne se décide à les charger.
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Iseult d'Higden
Reine d'Eiralie

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MessageSujet: Re: Partie de chasse   Partie de chasse Icon_minitimeSam 22 Oct 2011 - 1:28

Plus tard, la jeune femme devait se justifier en expliquant que, lorsque ses sujets risquaient leur vie, leur souverain se devait d'en faire de même. Mais la raison véritable qui motiva sa décision était bien moins élevée que son devoir de reine. L'excitation de la chasse l'avait envahie. Réminiscence de son sang lydane, peut-être, ou bien simple curiosité de jeune fille qui voulait explorer un monde dont la plus grande partie lui était interdite.

L'ours était un véritable seigneur des forêts, grand et fier, impressionnant de puissance, de vivacité et de fluidité. On le lui avait dit, mais, avant de le voir, Iseult n'aurait jamais cru qu'une telle masse puisse se déplacer avec tant d'agilité. Et, en effet, elle n'était pas du tout certaine que même quatre Gardiens, Aldric compris, soient capables d'arrêter la bête si elle se décidait à charger. Mais ce danger ne fit que renforcer son excitation. Elle voulait voir la chasse menée à son terme. Car c'étaient les derniers instants de la proie, tous le savaient, y compris l'ours. Un chien de chasse fit un vol plané, se convulsa, tenta de se relever, n'y parvint pas, et se traîna en-dehors du cercle de la vingtaine de chiens qui harcelaient la bête. Tel était leur rôle : fatiguer et blesser l'ours, que les chasseurs terminent la besogne dans une sécurité relative.

L'ours frappait, tournait, esquivait, mais chaque fois qu'il tentait de reprendre l'offensive, une mâchoire le menaçant sur le côté le forçait à renoncer pour faire face à la nouvelle menace. Ce jeu ne durerait pas éternellement. La fatigue finirait par l'emporter.

Non, je veux voir. Mais nous allons nous mettre à l'abri.


"L'abri", c'était derrière les chasseurs. Ceux-ci, au nombre d'une dizaine, se tenaient derrière les chiens. Cinq ou six piquiers, armés de lances de chasse, les autres avec des arcs ou des javelots. Une lance vola, frôla un chien pour se planter dans l'épaule gauche de l'ours, qui rugit de rage et de douleur. Il tenta d'avancer, mais un chien ouvrit une balafre sur son flanc gauche. La reine et son escorte vinrent se positionner derrière les chasseurs, attendant la suite des évènements.

Iseult vérifia que ses Gardiens étaient bien là. Elle sourit. Tous s'étaient placés entre elle et l'ours, sauf Aldric, qui, légèrement en retrait, observait la forêt dans leur dos. Il lui avait un jour expliqué que, lorsqu'il y avait une menace apparente, il fallait chercher une menace cachée. Un homme dissimulé derrière un mur impénétrable pouvait aisément être abattu d'un coup de poignard dans le dos. Peut-être fallait-il voir dans cette philosophie une explication du mépris des Lydanes pour les grands bâtiments et les fortifications élaborées.

Iseult reporta son attention sur la bête, attendant la curée avec un mélange d'impatience et d'appréhension, se demandant au fond d'elle-même si elle pourrait supporter le spectacle.

Pourvu que je ne m'évanouisse pas devant tous ces gens.
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Trystan d'Artelion
Gardien de la Reine
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MessageSujet: Re: Partie de chasse   Partie de chasse Icon_minitimeJeu 3 Nov 2011 - 5:50

Le moins qu'on pouvait dire, c'était que les Gardiens de la Reine étaient plus que tendut. Non mais vraiment, qu'est-ce qui lui prenait à celle là? Se dresser fièrement face à un ours. Elle ferait sans le moindre doute un très fier cadavre, c'était tout à fait certain. Non mais vraiment, quel idée stupide. Et quant elle se trouverait à mener l'armée contre une invasion Sueris ou encore Lydane, elle voudrait s'approcher comme cela aussi? Et pourquoi pas se planter une javeline dans la poitrine tout de suite?

S'il y avait bien quelque chose que Trystan espérait de tout cœur, c'était qu'elle ne se rendait pas vraiment compte de se qu'elle était en train de faire. Quelques chiens, une ligne de chasseurs et quatre cavaliers? Si l'ours avait décidé de chercher, ces quelques éléments risquaient de ne pas faire le poids. La reine risquait d'être balayée. Mais d'un autre côté, elle ne s'en rendait peut-être pas compte. Se qu'elle voyait elle, c'était une bande de molosse, une ligne de fier gaillards prêt à se tailler une bonne part dans la barbaque d'ours et une phalange de gardes du corps prêt à mourir pour elle. Que pouvait-elle risquer avec tout ça?

L'un tenait mal sa lance. S'il n'écartait pas plus ses mains, il risquait de se voir son arme lui échapper. Un autre au contraire tenait les mains trop écartées et allait se retrouver gêné s'il devait faire un mouvement un petit peu plus ample. Il y avait aussi celui qui se tenait mal sur ses jambes, un autre qui se mettait trop en avant comme pour mener la charge. Peut-être Trystan était-il un peu trop paranoïaque et tout cela ne serait en fait que des défauts minimes qu'il verrait amplifié.

C'était fortement probable, il fallait bien l'avouer.

D'un autre côté, la situation était dangereuse et cela n'aurait été que de lui, il aurait attrapé la jeune souveraine et l'aurait mise en travers de son cheval pour l'éloigner d'ici. Mais il y avait de forte chance que le royal ego d'Iseult ne survive pas à cette humiliation et que les choses se passent mal par la suite pour le Gardien.

Pourtant, l'envie demeurait bel et bien là.

D'un coup, les chasseurs jugèrent de toute évidence qu'il était temps d'en finir et à dire vrai, il était clair que l'ours avait plus que faiblit. Se fut la curie, tous se jetèrent en avant, chargeant la bête.

Comme dit le proverbe, il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Épuisé, perdant son sang et se sachant à l'aune de la mort, le terrible animal tenta un coup d'éclat, fonçant parmi la masse des lances qui dérapaient sur son cuir épais ou perçaient ses chairs. Un geste tout à fait désespéré, une dernière fuite en avant pour tenter d'échapper à ses assaillants. Foutu pour foutu, autant tenter le tout pour le tout.

Et c'était précisément ce moment que les Gardiens de la Reine avaient quêté et redouté. Le front des chasseurs s'incurva, menaçant de céder d'une seconde à l'autre.

La meilleur défense, c'est l'attaque. Piquant des deux et dans une parfaite démonstration de son maestria équestre, Aetius se plaça devant ses compagnons, formant un rempart face à l'ours désespéré. Un coup d'estoc magistralement placé et la pointe de son épée s'enfonça dans l’œil de l'ours alors qu'un groupe d'archer finissait de le cribler de flèches. La bête s'effondra dans un dernier hurlement.

Étrangement, il resterait dans les annales de cette chasse comment le Gardien de la reine avait brillamment usé de son épée, mais pas vraiment l'intervention des archers ou le fait que, malgré la charge furieuse, la ligne des piquiers avait tout de même tenu. Et ce, bien que ces deux derniers éléments aient été tout aussi fatal pour la bête que le coup d'épée d'Aetius. Il aurait été bien difficile de définir de quoi était mort l'ours. Et puis, en fin de compte, il était quant même à cinq ou six mètres de la reine cet ours.

Oui, mais c'était pas assez quant même. Il aurait fallut plus que ça.

C'est fou se que le bois put alors paraître calme et serin. Pas pour les gardes du corps de la souveraine en tout cas qui maintenaient leur vigilance constante. C'est généralement dans ce genre de moment, pendant le calme qui suis le tumulte qu'on relâche son attention. Et lorsqu'on protège la dernière des Higden, relâcher son attention est synonyme de péril mortel pour la souveraine.

Mais fort heureusement, rien ne vint.

Aetius essuyait le sang qui maculait sa lame avec un calme olympien. Sa manœuvre avait été plus que discutable et s'il avait été présent, Guilhem lui aurait peut-être bien passé un savon, mais il n'en restait pas moins un fait très clair, il avait fait tout se qu'il fallait pour protéger la souveraine.

Le Guerrier seul savait se qui aurait put arriver si Aetius n'avait pas achevé la bête.

Quant à Trystan, il jeta à la reine un regard à la fois hésitant et en même temps, toujours aussi sérieux qu'à l'accoutumé, totalement insensible à la carcasse de l'ours gisant non loin tout comme à tout ce sang et à cette odeur unique d'une mort récente. Il fallait avoir l'estomac bien accroché, mais on ne laissait pas entrer parmi les Gardiens de la Reine des gens qui n'étaient pas capable de supporter ce subtil mélange des odeurs d'excréments, de sang et de cuir qui caractérisait si bien ces fin de chasses comme les champs de bataille.

"Majesté, lorsque vous jugerez bon de rentrer au château, je me permet de solliciter de vous l'honneur d'une audience privée."
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MessageSujet: Re: Partie de chasse   Partie de chasse Icon_minitimeLun 14 Nov 2011 - 22:00

Iseult eut un double frisson d'appréhension. D'abord, de frayeur rétrospective-elle avait bien cru, à un moment, que l'ours lui en voulait à elle, personnellement, et allait traverser la ligne des piquiers avant de la déchiqueter dans ses derniers spasmes d'agonie. Fantasme stupide : une ligne de piquiers organisée arrivait à contenir une charge de cavalerie, à raison d'un homme par cavalier, au lieu de cinq sur une seule bête dans ce cas précis. Sans compter que l'ours n'aurait probablement pas tenté d'avancer jusqu'à Iseult, se concentrant sur les animaux qui l'attaquaient par derrière et les piquiers qui l'embrochaient. D'ailleurs, le simple fait qu'Aldric n'ait pas semblé s'inquiéter de l'animal montrait que le danger était faible. Il n'aurait pas hésité à l'assommer et à la ramener au château en travers de sa selle si elle s'était lancée dans une aventure suicidaire, Iseult le savait. Aldric considérait manifestement qu'entre la protéger et la servir, la protection passait en premier.

Ensuite, elle frissonnait à l'idée qu'un de ses gardes du corps la sermonne, elle, la reine d'Eiralie, et qu'elle soit incapable de lui tenir tête. Et que cela se sache, sapant son autorité. Elle se composa un port altier et un air d'une indifférence légèrement hautaine, avant de répondre.

S'il vous sied. Peut-être en présence d'une de mes dames de compagnie.

Une femme discrète et de confiance. Pas vraiment par besoin, simplement pour éviter que les ragots ne courent, si une royale jouvencelle venait à s'enfermer en seule compagnie d'un de ses musclés et virils Gardiens. Elle évalua discrètement Trystan du regard, ainsi que les autres gardes, se disant, que, si l'éventualité lui en était offerte... Elle secoua la tête. Elle savait bien qu'il y avait fort peu de chances qu'elle épouse l'homme qu'elle aurait le plus envie d'épouser. Quand aux galipettes sans conséquences auxquelles se livraient parfois les gardes, ce n'était même pas la peine d'y songer.

Elle eut une grimace en sentant l'odeur nauséabonde des tripes d'ours. Les chasseurs jetèrent les abats aux chiens, qui se ruèrent dessus avec des aboiements pleins d'une joie féroce. Iseult jeta un dernier coup d’œil à l'animal, évitant de regarder en face ses yeux qui fixaient le néant. Une fugitive expression de dégoût passa sur son visage. D'une pression des genoux, elle fit volter son animal.

Rentrons au château. J'en ai assez vu. Messire d'Artelion, je vous propose de venir avec moi vous restaurer aux jardins. Nous pourrons y parler en toute tranquillité.

Par "tranquillité", Iseult entendait "discrétion". Les jardins étaient un lieu ouverts aux regards, mais où l'on pouvait bavarder loin des oreilles indiscrètes, y compris des dames de compagnie, sans pour autant prêter le flanc aux calomnies. Trystan voulait une discussion en privée, et il l'aurait.
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