Mise au point : enlèvements et mariages forcés

Suite à une question à propos de la possibilité d'enlever une femme de la noblesse, de consommer le mariage (consentement ou pas) pour ensuite contraindre la famille à accepter le mariage pour éviter le déshonneur, il semble important de préciser quelques autres points de contexte.

Tout d'abord, par opposition au Moyen-Âge historique marqué par une certaine attention portée à la "pureté" de l'épouse au mariage, le monde des Loups est nettement plus tolérant à ce sujet. En réalité, dans la noblesse, on épouse moins un hymen, qu'un domaine. Ce qui signifie que tout le monde fait semblant d'ignorer les éventuelles expériences antérieures de la dame dans le domaine des choses de l'amour. Il est socialement impossible à une femme d'en faire mention, comme à un homme, fût-il son mari, de lui poser la moindre question à ce sujet : tout le monde feint de croire que la femme est pucelle à son mariage, tant qu'il n'y a pas d'évidence du contraire. En pratique, seul un enfant illégitime peut bousculer cette hypocrisie bien pratique, mais il existe des herbes très utiles pour régler ce type de problème à la source.

Ensuite, le fait d'enlever une femme remet en cause la capacité d'une Maison à protéger ses membres, et revient donc à lui faire perdre la face, c'est en soi une atteinte très grave à son honneur, que la personne enlevée soit violentée ou non, d'ailleurs. Accepter le mariage serait accepter un deuxième déshonneur, encore plus grand. Généralement, la famille offensée préfère déclencher une vendetta, ou s'en remettre à la justice du suzerain, qui tranchera immanquablement en faveur de la famille qui a été attaquée, et décidera d'un paiement, en argent ou en nature. Généralement, la peine sera très lourde : en effet, un tel procédé d'enlèvement est un puissant facteur de déstabilisation sociale car il permettrait à un petit châtelain de s'immiscer par force dans la lignée généalogique d'une Maison de grande noblesse. Des peines d'une sévérité exemplaire, pouvant exceptionnellement aller jusqu'à la mutilation du coupable, permettent de lutter contre la tentation.

Donc, s'il est toujours matériellement possible de procéder à un enlèvement, il est vivement recommandé d'y réfléchir à deux fois avant de passer à l'action, et de s'assurer qu'on ne remonte pas jusqu'au coupable. Le cas s'est présenté de temps en temps, mais exceptionnellement, que l'on emploie un groupe de hors-la-loi recrutés pour l'occasion, comme pour le massacre d'une famille rivale, d'ailleurs. Mais ce genre d'action reste difficile à mettre en œuvre, extrêmement dangereuse pour son commanditaire et donc rarissime.