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| Un mauvais moment à passer | |
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Ragnar Herteitr Jarl
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| Sujet: Un mauvais moment à passer Dim 1 Aoû 2010 - 20:12 | |
| Ragnar est réveillé par un rayon de soleil qui s'obstine à venir frapper son visage. Il ouvre les yeux et se tourne immédiatement vers le fauteuil où s'est installée Sahnnâ. Personne. Le drap est soigneusement plié, mais de l'esclave, nulle trace. Elle est repartie, sans doute. Il se lève dans l'intention d'aller manger puis de lui faire sentir sa colère. Mais s'arrête net lorsqu'il atteint la position assise. En fait, elle n'est jamais partie. Elle était bien là. Prosternée, le front dans la poussière, juste à côté de son lit. Il garde le silence. Attendant qu'elle parle, qu'elle lui présente des excuses pour avoir fauté. Mais elle se tait obstinément. Sans doute lui a-t-on enseigné, dans son lointain pays, que les esclaves ne parlent pas à moins d'y être invités. Il laisse le silence s'étirer. Pourquoi rendre la tâche facile à Sahnnâ ?
Puis il prend finalement la parole. "Hé bien. Qu'as-tu à me dire ?" La voix sort, étouffée, de derrière les cheveux de l'esclave toujours recroquevillée. "-Maître... J'implore ton indulgence. -Pourquoi ? demande Ragnar. -J'ai désobéi à ton ordre. -Qui était ? -De t'attendre... Il y' a un petit silence. -Tu sais que tu seras punie, bien sûr, reprend Ragnar. -Oui, Maître, je le sais, répond-elle d'une voix étouffée. -Ce n'est pas pour t'être endormie. Il émet un claquement de langue agacé. Redresse-toi, ordonne-t-il. Je veux voir ton visage."
L'esclave s'exécute, se redressant lentement. Ragnar saisit son menton dans sa main, lui faisant renverser la tête vers lui. Il dégage les cheveux de la fille, qui dissimulent la majeure partie de son visage et de l'intensité brûlante de son regard. "Tu étais épuisée et tu n'as pas pu résister au sommeil. Ce n'est pas ce que je voulais. Mais finalement, c'est une réaction naturelle. Et je suis convaincu que tu as fait tout ce que tu pouvais pour ne pas céder." Le regard de Sahnnâ s'échappe un instant vers le sol, mais revient immédiatement s'ancrer au sien. Elle cligne des paupières. "C'est pour t'être installée dans le fauteuil." A ces mots, l'esclave rosit fortement. "Tu dois comprendre qu'en tant qu'esclave, tu dois considérer comme une faveur d'être installée ailleurs qu'à terre, poursuit Ragnar, imperturbable en tenant toujours le menton de l'esclave dans sa large main. Et une faveur se demande, elle ne se prend jamais."
Sahnnâ déglutit difficilement, sa lèvre inférieure frémissante. Ses paupières sont un peu trop mobiles. "Chuuut, fait Ragnar d'une voix apaisante en lui caressant la joue. Ce n'est pas la première fois que t'arrive ce genre de mésaventure, si ?"
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| | | Sahnnâ
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| Sujet: Re: Un mauvais moment à passer Dim 1 Aoû 2010 - 20:13 | |
| Froid... tellement froid...
Mais elle est restée rigoureusement immobile. Eveillée juste avant l'aube, elle a eu ce sentiment étrange d'être totalement perdue, suspendue à rien au milieu du vide, sans savoir où elle est, qui elle est, quand on est... Et puis elle s'est souvenue en découvrant les crampes dans tout son corps, que l'inconfort de la nuit lui fait douloureusement sentir. Et puis lui revient aussi le souvenir de ce qui l'a fait s'asseoir dans ce grand fauteuil de bois et replier les jambes sous elle. Ce froid intense montant des dalles de pierre.
Or elle n'a pas froid. Parce qu'il y a une couverture sur elle. Qu'elle n'a pas posé là elle-même. Parce qu'elle ne comptait pas dormir. Parce que son Maître lui avait ordonné...
Vertige, crispation d'anxiété. Elle tourne la tête. Il est là. Il dort. Elle ne voit pas son visage, l'aube pointe à peine. Elle ne l'a pas entendu. Il l'a trouvée endormie, l'a recouverte... Elle imagine son geste et la torsion d'angoisse change de nature. Il s'est déjà montré doux. Plusieurs fois. Mais...
Elle se lève en silence, à gestes ralentis, pour que les froissements d'étoffe ne la trahissent pas, plie la mince couverture et la pose dans le fauteuil, s'agenouille, s'incline, bras repliés entre les seins, touche le sol du front. C'est froid. Elle ne bouge pas pendant près de deux heures.
Puis elle l'entend remuer, se retourner. Se redresser. Elle garde l'immobilité la plus totale possible. Elle attend, le silence se prolonge, elle sait qu'il l'a vue, qu'il la fixe. Et il parle enfin.
Elle sait qu'elle n'a pas d'excuse. Même effondrée de fatigue, elle n'avait qu'à s'effondrer par terre après tout. Elle s'en veut terriblement, elle craint... quoi ? Son déplaisir ? Pourquoi ? Il la vendra contre rançon dès qu'il le pourra alors qu'importe qu'il...
... qu'il parle de cette voix douce, et lui frôle la joue. Pourquoi tremble-t-elle, est-ce vraiment le froid ? Ou parce qu'au contraire, il y a trop de chaleur dans ses yeux ? Pourquoi ne comprend-elle sa question qu'avec quelques temps de retard ?
- ... mésaventure, Maître ?... le fait de prendre une faveur qui ne m'appartient pas ? - Non, de fauter, Sannhâ.
Frisson. Toujours, quand il prononce son nom. La seule chose au monde qui soit vraiment à elle. Et son accent rugueux le déforme, d'une manière unique, qui n'existe que dans sa bouche à lui...
- J'ai déjà commis des fautes, Maître... dans le passé. J'espérais ne pas t'avoir déjà déplu... - Tu ne m'as pas déplu. Tu es une très bonne esclave. D'ailleurs j'ai décidé que j'allais te garder, finalement.
Son coeur s'arrête et se glace. Et brûle. Et se glace à nouveau. Il a dit ça si tranquillement, comme si ce n'était rien, pour lui.
Ce n'est rien pour lui. Il n'a pas payé pour me posséder, je lui suis tombée dans les mains. Et il ne s'imagine même pas ce que ces mots sont pour moi. Toute l'anxiété que nous vivons, à nous interroger sur qui sera, comment sera notre Maître... Il y a une seconde je ne savais pas, je savais juste qu'il serait autre. Et maintenant je le vois. Mon Maître tient mon visage levé vers lui, il des yeux de ciel et la voix chaude comme le vent de chez moi, ce vent qui picote la peau parce qu'il porte le sable. Il a les mains rudes et douces. Il a les traits nobles et le corps grand et ferme, et... Il a les yeux humides quand il pense à ses compagnons morts. Il sait remercier une esclave, il sait soulever le rire de ses hommes et leur ferveur. Il est fier et dur, c'est un guerrier et un chef. C'est un roi. Mon Maître est un roi.
- ... tu vaux plus qu'une rançon, poursuit-il... et c'est pour ça que je te punis. Maintenant tu es à moi. Et je dois m'assurer de ton éducation.
Elle a les yeux levés, grands ouverts, brillants comme des émeraudes. Quand elle répond sa voix n'est qu'un chuchotement.
- Alors le châtiment me sera doux, Maître...
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| | | Ragnar Herteitr Jarl
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| Sujet: Re: Un mauvais moment à passer Dim 1 Aoû 2010 - 20:13 | |
| "Alors le châtiment me sera doux", chuchote-t-elle, les yeux brillants. La lueur de dévotion qui passe dans les yeux de la danseuse réchauffe le coeur de Ragnar, bien qu'il ne comprenne pas à quoi elle est due. Il lui faudra y réfléchir. Connaître le coeur et l'âme de ceux qui le servent est vital pour être un bon chef. "Tu devras apprendre nos coutumes, poursuit-il. Et me signaler lorsque tu commettras une faute par ignorance. Je ne te punirai pas pour avoir ignoré une chose que personne ne t'aura enseigné. Etait-ce le cas ? Est-ce l'ignorance ou la négligence de ton devoir, qui t'a poussé à utiliser ce fauteuil ? Réponds sincèrement." Elle frissonne pendant qu'il plante son regard dans le sien, à la recherche de la moindre tentative de tromperie. Le murmure qui sort de sa bouche est presque inaudible. "Je n'ignorais pas que j'outrepassais mes droits, répond-elle, le rouge lui montant aux joues. Mais il faisait si froid sur les dalles", dit-elle, sa voix devenant presque inaudible. Le visage et le regard de Ragnar se durcissent. Se chercher des excuses ou s'apitoyer sur soi sont des comportements qu'il méprise profondément. Qu'il ne tolère ni chez lui, ni chez ceux qui le servent. Il lâche enfin le menton de l'esclave. "Lorsque tu commets une faute, ne te cherche pas d'excuses. Avoue-le, c'est tout." Sa voix aussi s'est durcie. Aussitôt, l'esclave revient à sa posture de départ, prosternée contre le lit. "-Je suis désolée, Maître, et je ne sais... -Chuuuut. Debout". Voix neutre, il sait qu'il sera obéi, pas besoin de hausser le ton. Elle se lève, frissonnante. Il est vrai que la pièce est remplie de la fraîcheur du matin, malgré la lumière qui entre à flots. Lui y est habitué, mais elle ? Enfin, son confort importe peu. "Enlève tes vêtements", ordonne-t-il. Il vient de trouver de quelle manière il va la châtier. Il sait que ce qu'il va voir risque d'éveiller le désir en lui, mais que cela ne doit pas infléchir sa décision. Un moyen de mettre sa propre volonté à l'épreuve en même temps qu'une punition appropriée.
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| | | Sahnnâ
Messages : 163
| Sujet: Re: Un mauvais moment à passer Dim 1 Aoû 2010 - 20:14 | |
| Elle obéit scrupuleusement à chacun de ses ordres. Se taire, se lever, se déshabiller. Sans le moindre sursaut de protestation, ni même l'ombre d'une hésitation dans le regard. Regard qu'elle baisse une fois debout, et qu'elle garde baissé. Elle frissonne, le froid, et la nervosité. La nudité ne lui cause plus aucune gêne depuis longtemps, ses professeurs y ont veillé. Mais il s'agit de son maître à présent, qui veut qu'elle se présente nue. L'ordre n'est pas surprenant, à vrai dire ce qui est surprenant, c'est qu'il vienne si tard. On n'achète pas une fille sans demander à voir la marchandise. Mais aussi, une fois encore, il n'a pas eu à l'acheter.
Elle défait les agrafes qui ferment dans le dos le corselet sombre qu'elle portait hier, le fait glisser de ses épaules, il tombe. Puis elle ouvre les mêmes agrafes sur sa hanche gauche, et la longue jupe s'effondre au sol avec un petit tintement de métal quand l'une des garnitures touche le pavement. Elle a la tête toujours baissée. Elle n'est plus revêtue que de sa chevelure, de sa chair de poule et de quelques bijoux d'argent. Elle sait ce qu'il voit, et elle essaie de ne pas imaginer à quoi il songe. Ses genoux sont marqués, rougis par sa longue prosternation immobile. Elle sent le froid lui durcir les bouts des seins. Et elle se sent le sexe désespérément nu, épilé qu'il est selon les traditions de l'Ecole. Un Joyau doit être lisse.
- Approche.
Et la grande main entre dans son champs de vision pour l'attirer. Elle s'avance, le visage toujours baissé. Elle est debout entre ses genoux, les plis de la chemise de nuit remontent sur sa cuisse, et l'encolure largement ouverte dévoile sa gorge et une grande partie de son torse. Il lui devient presque aussi difficile de garder les yeux baissés que de les relever...
- Regarde moi.
Et elle obéit, bien sur. Elle relève les yeux surtout, le nez un peu. Elle debout, lui assis, elle est pourtant à peine plus grande que lui... Son regard est impénétrable, elle n'arrive pas à le lire, tout proche, pourtant...
- Tu es à moi maintenant. Tu es désirable... Très désirable, tu le sais ?
Pourquoi dit-il ça ? Elle sait qu'elle est à lui. Et elle sait qu'elle est belle, tous les Joyaux le sont. Elle ne répond pas tout de suite, et seulement d'une voix feutrée, étouffée, chuchottante.
- Je suppose, Maître... - Tu sais ce que je vais te demander ? - ...
Que vas-tu me demander ? De m'agenouiller et de te servir comme elles m'ont dit que les hommes aiment à être servis ? J'ai eu droit à quelques vagues directives pour ça. Ou alors de m'allonger ou m'agenouiller ou que sais-je, et d'attendre que tu me prennes ? De ça je ne connais rien. Elles disent que moins la fille en sait, plus sa virginité plaît aux maîtres, une vierge doit trembler. Ou vas-tu me demander tout autre chose, que je ne soupçonne même pas ?... Que vas-tu me demander ?
- Pas exactement, Maître...
Elle a la voix rauque. Il lève une main et la pose contre ses lèvres nues, charnues et presque closes comme une bouche endormie. Elle frémit, inspire en un bref halètement saccadé.
- Et maintenant, tu en as une idée ? - ... - Réponds ! - Oui Maître.
Sa voix a claqué à son silence, comme la lanière d'un fouet, et elle s'est raidie. Il se radoucit à présent.
- Tu me donneras satisfaction ? - ... de mon mieux, Maître... - Très bien... Mais le moment n'est pas encore venu. Allonge-toi à mes pieds, sur le dos.
Elle s'exécute, se couche à ses pieds sur les dalles froides. Elle ne sait au juste si elle est soulagée, effrayée, anxieuse... Rien n'est clair en elle, tout se trouble et tourbillonne jusqu'au vertige... Le froid dans son dos est une sensation solide. Rassurante. Et elle peut y faire face. Elle respire régulièrement, cherche cet état de transe légère où on ressent moins les choses, ou comme a travers un voile de brume... Il se lève et va chercher un broc d'eau, puis revient s'asseoir, tout en poursuivant.
- Bien... Je n'aime pas perdre de temps, alors j'aimerais en apprendre plus sur toi. Nous allons parler en même temps que tu subiras ta punition. Il est évident que ta conversation ne doit pas en pâtir.
Il élève le broc d'eau au-dessus d'elle, laisse couler un peu d'eau froide sur sa poitrine.
- Parle-moi de l'éducation que tu as reçue.
Le froid l'a percutée comme un coup, déchirant la brume, elle a eu une autre inspiration heurtée, un hoquet, dans lequel elle a jappé un "bien Maître" trop aigu. Elle tremble, cherche son souffle et le maîtrise, cherche la brume et s'y blottit à nouveau. Le froid s'estompe... Son corps se détend, il vibre moins, même si sa peau est toujours hérissée de chair de poule, et ses mamelons douloureusement durcis. Elle inspire profondément, et entreprend de lui répondre. |
| | | Ragnar Herteitr Jarl
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| Sujet: Re: Un mauvais moment à passer Dim 1 Aoû 2010 - 20:14 | |
| Peu à peu, son corps se détend, les tremblements s'apaisent sans disparaître pour autant. Ragnar ne prend aucun plaisir particulier à la faire souffrir ainsi. Mais il faut punir toute désobéissance, si minime soit-elle, récompenser tout acte de loyauté. Ainsi obtient-on l'obéissance. Il la regarde d'au-dessus. Son corps lisse comme un diamant poli, aux muscles fins mais puissants. Les petits tremblements font trembler quelques gouttes d'eau sur sa poitrine, qui monte et descend au rythme d'une respiration qu'elle essaie de rendre la moins hachée possible. "Nous sommes choisies très jeunes, avant l'âge de cinq ans, commence Sahnnâ. J'en avais trois tout juste, d'après ce qu'on m'a dit." Ce qui explique sa docilité exceptionnelle. Eduquée... dressée, même, depuis qu'elle sait marcher ou presque... Le regard de l'esclave se fait lointain. "-Avant 7 ans, l'âge des Souffles, nous recevons un enseignement dans les trois arts : la Voix, la Musique et le Corps. -Et le corps est ton art ? -Oui, Maître. Même si l'on m'a choisi pour la Musique, au départ." Ragnar reverse un peu d'eau sur le ventre de Sahnnâ, qui prend une longue inspiration, suivie d'une longue expiration. Très belle maîtrise de son corps, en effet. "-En plus des Arts, on nous teste pour la docilité, l'obéissance... la résistance, aussi. -Quel genre de tests ? -Rester longtemps immobile, ou au contraire, courir longtemps. Obéir à n'importe quel ordre, même saugrenu. -Pour mettre votre volonté à l'épreuve... je vois. Par exemple ? -Se mettre sur un pied et rester en place. Jeter son chausson dans la fontaine et aller le rechercher... Je crois que les épreuves de volonté viennent plus tard, Maître. Les vraies, du moins..." Les vraies ? "-Et pourquoi es-tu passée de la Musique au Corps ? -Les maîtresses ont trouvé que je montrais plus de talent dans cette discipline." Le guerrier verse un peau d'eau sur le bas-ventre de la danseuse. La zone est moins sensible que la poitrine, mais l'eau dans la carafe est glacée, et l'esclave a une petite crispation des cuisses. "Chuuuuut.... Ecarte un peu les jambes." L'esclave s'exécute. "-Donc, sept ans, reprend Ragnar. L'âge des Souffles, c'est ça ? Et ensuite ? -Après, le vrai travail commence. Pour le corps, nous commencions avant l'aube. Le matin pour la souplesse et la puissance. L'après-midi pour l'Art. Et tout le temps, l'enseignement pour l'obéissance". Ragnar est un peu gêné par la cruauté froide dont font preuve ceux qui ont créé cette école. Mais en même temps, il est encore plus intrigué par cette culture qui lui est complètement inconnue, et fasciné par ces méthodes d'éducation. Des esclaves parfaites... entraînées depuis leur plus jeune âge... C'est affreux, mais également splendide. Et l'élève qu'il a sous les yeux est un éloge vivant à l'efficacité de l'enseignement. Quelque chose l'intrigue. "-Pourquoi travailler la puissance, chez une danseuse ? -Il en faut pour sauter haut, Maître. Ou pour tenir des postures difficiles. -Je n'y avais pas pensé... Et après ?" Tout en parlant, il verse encore de l'eau froide sur l'entrecuisse de l'esclave. Epilée comme elle l'est, la sensation devrait être suffisamment forte.
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| | | Sahnnâ
Messages : 163
| Sujet: Re: Un mauvais moment à passer Dim 1 Aoû 2010 - 20:15 | |
| Chaque fois que l'eau la touche, sa concentration se brise un peu, et elle frémit... Elle doit chaque fois chasser d'elle la sensation de froid de plus en plus intense, pour pouvoir répondre sans que les crispations de son corps n'altèrent son discours. déjà quand il a versé l'eau sur son ventre, elle a réalisé que ses lèvres tremblaient et qu'elle était très près de claquer des dents. Cette fois, le froid se rue entre ses jambes, mord directement la chair tendre et sensible, et le frisson qui la secoue est plus violent.
Une ou deux secondes pour se maîtriser... Reprendre sa respiration, forcer ses muscles à se détendre... Passer outre ces yeux qui l'observent, de là-haut...Elle poursuit.
- Les Epreuves des Espérances sont plus difficiles... Il y a toute la série d'épreuves codifiées, les Sauts, les Equilibres, les Postures... Et puis il y a l'Epreuve d'Epuisement. C'est une chorégraphie imposée, répétitive. Les musiciennes se relaient et jouent sans interruption, et toutes les candidates dansent ensemble dans une cour. La musique ne s'arrête que quand la dernière est tombée de fatigue. A l'issue de cette épreuve, seules les cinq premières sont acceptées. - Combien sont écartées ? - Ca dépend... Habituellement, il y a entre dix et quinze Souffles qui passent l'épreuve chaque année... - Et à quel âge passe-t-on cette épreuve ? - A dix ans... - Et ensuite, que se passe-t-il ? - L'enseignement des Aurores. Il est plus rude...
Il lui arrose le ventre d'un autre filet d'eau froide... mais cette fois, l'effet est moins fort. La cible est moins sensible, ou peut-être sans doute s'engourdit-elle peu à peu... Ses lèvres sont pâles, bleutées, même. Mais elles ne tremblent pas. Elle lui raconte l'entraînement des Aurores, similaire à celui des Espérances, mais auquel on ajoute la grâce et la force, l'émotion, l'intensité. Et elle lui détaille pourquoi, à son sens, les épreuves de volonté commencent seulement à ce stade... Une nuit sur deux passée au travail, pour les endurcir contre l'épuisement, un jour par semaine à servir, nue, en silence et les yeux baissés, la moindre entorse punie sévèrement et publiquement, pour qu'aucune n'oublie jamais qu'elle n'est qu'une esclave.
- Mais à cet âge, l'interrompt-il en posant le broc, les désirs s'éveillent dans le corps... Comment les satisfaites-vous ? Cela aussi vous est-il interdit ? - Pas complètement, Maître... Nombre de mes compagnes jouaient ensembles, la nuit... Mais certaines choses sont interdites. - Quoi ?
Elle ne répond pas tout de suite... et indirectement.
- L'examen des Aurores, et d'ailleurs aussi celui des Joyaux, commence par le contrôle de leur virginité... Si l'une d'elle n'est plus vierge, elle est exécutée. Et si on lui connaît une amante, elle subit le même sort...
Il se tait un moment, et elle ne cherche pas à trouver son regard, pour comprendre. Elle est à un stade où le froid a annihilé une grande part de sa sensibilité, sa voix est devenue distante, rêveuse...
- Quelle est la suite de l'examen ? - Toujours les épreuves techniques... et en plus l'Epreuve du Marché, celle du Verre, et celle du Sang... Et seulement si elles réussissent tout, elles passent devant les Maîtresses-Miroir. Si elles ne sont pas assez belles, elles échouent. - Qui sont les Maîtresses-Miroir ? - Elles sont vingt-et-une, toujours différentes. Des professeurs de l'Ecole, des dames nobles de la ville. Des hommes aussi, mais sous le voile on ne sait pas qui se tient... Si onze voix se taisent quand il s'agit de proclamer la candidate au rang d'Aurore, même si sa technique est parfaite et qu'elle a passé les Trois Epreuves, elle échoue... - Parle-moi de ces trois épreuves... - Le Marché... Elle n'est pas la plus difficile, mais beaucoup échouent à celle-là. Il faut exécuter une chorégraphie très longue et complexe, une heure entière, nue, au milieu de la place un jour de marché. Les gens s'amassent, ils crient, font des commentaires, lancent des choses... Mais la danseuse ne doit absolument pas s'interrompre. Elle ne doit manquer aucun mouvement. Et elle ne peut cesser de sourire... Le Verre, c'est l'épreuve de la Souffrance. Danser sur du verre broyé, une heure entière également. - D'où tes blessures aux pieds ? l'interrompt-il. - ... Oui Maître. Nous les portons toutes.
Il s'est souvenu. Et ça la trouble. Un frisson vient frémir sur tout son corps, ravive la chair de poule. Elle a froid, terriblement froid...
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| | | Ragnar Herteitr Jarl
Messages : 1486
| Sujet: Re: Un mauvais moment à passer Dim 1 Aoû 2010 - 20:16 | |
| Ragnar a du mal à comprendre que l'on entraîne des danseuses comme des guerriers. Qu'elles aient une bonne condition physique, qu'elles s'entraînent régulièrement, qu'elles apprennent l'obéissance, il le conçoit, mais cela... Et il a vu du verre, un jour. Un matériau rare et précieux. Quel est donc ce pays où on le brise pour dans le simple but de tester la résistance à la douleur des esclaves ?
"-Quelle est l'épreuve du sang ? demande-t-il. -La plus difficile de toute, répond-elle. Du moins, la seule à laquelle j'aie failli échouer. -Quelle est-elle ? -Il y a beaucoup d'esclaves à l'école qui ne sont pas élèves. Le jour de l'épreuve, l'une d'elle est choisie, entravée au bord de l'espace où la danseuse doit passer l'épreuve. A un moment, on l'égorge. Un silence. Un très court silence. -La danseuse ne doit pas cesser de danser ni de sourire. Voilà pour les trois épreuves de Aurores."
Ragnar reste choqué. Non pas de l'épreuve en soi. A l'âge de huit ans, il a décapité un prisonnier. A l'âge de neuf ans, il a tué au combat un prisonnier, un moine à qui on avait remis une médiocre épée. Et il a appris, pris plaisir, même, à ces épreuves. De sorte qu'à quinze ans, il combattait en première ligne et a enfoncé la formation ennemie malgré sa musculature, inachevée à cette époque. La mort et le sang ne le choquent plus depuis longtemps. Non, ce qui le choque est que l'on demande une telle chose à une danseuse. Elles devraient réjouir les yeux et le coeur des hommes par leur grâce. Pas danser au milieu des cadavres. Cela, c'est ce que font les guerriers. Il se rembrunit imperceptiblement. Il a une sensation... d'anormalité qui le dérange. Ces danseuses enfreignent des lois qu'il considérait évidentes. Une danseuse n'a pas à se mêler des choses de la guerre. Cette pensée est marquée en lettres de feu dans son esprit. Mais il n'est pas en colère, seulement très légèrement mal à l'aise. Et s'il ressentait quelque colère que ce soit, ce serait contre les formatrices de l'école, pas contre Sahnnâ.
"-Je comprends que tu aies failli échouer, dit-il. -Je n'étais pas suffisamment concentrée, Maître, dit-elle. J'ai entendu crier la fille. -Il était normal que cela te perturbe. -Avec mon respect, Maître, non, répond-elle fermement. Si j'avais été suffisamment concentrée, je n'aurais entendu que la musique. -Mais ce devrait être l'épreuve d'un guerrier, s'interroge Ragnar, exprimant enfin sa pensée. Pourquoi vous la demander ? Pour tester votre capacité de concentration ? -Oui, Maître. Pour vérifier que les deux Corps ont été séparés. Le silence perplexe du guerrier incite Sahnnâ à poursuivre. -Le Corps qui ressent et le Corps qui danse, Maître. L'un est digne, l'autre est indigne."
Le regard de Ragnar se fait vague. "Oui. Nous autres guerriers connaissons cela". Il n'aime pas trop en parler, même à ses propres compagnons, qui pourtant comprendraient, puisqu'ils ont vu et ressenti cet état si particulier. Mais c'est ce qui rend la parole inutile. Encore moins aux autres, qui ne connaissent rien à la guerre. Mais il lui semble que Sahnnâ pourrait comprendre.
"-Nous appelons cela l'ivresse de la bataille... -Oui, une sorte d'ivresse, confirme l'esclave en opinant du chef. -La séparation du corps de sensations, d'émotions... et à côté, une sorte de détermination froide, tendue vers un seul but.
Tuer.
Le regard pensif, lointain, de Sahnnâ lui indique qu'elle a compris. Même si elle ignore probablement ce que cela implique pour un guerrier.
"C'est une bonne chose que cette détermination, dit Ragnar. Elle peut servir." A ne pas mourir, par exemple. C'est toute la différence entre un seigneur et un cadavre. "-Mais toujours ressentir cela ? Plus aucune émotion ? Se débarrasser complètement du corps qui ressent ? -Quand nous dansons, oui. Plus rien ne doit exister que l'Art. -Seulement quand vous dansez ? Ah !" s'exclame le jarl, soulagé. Quel aurait été l'intérêt d'une esclave amputée de ses émotions ? A part servir de jouet temporaire ? Aussi belle et richement habillée soit-elle... "Si nous ne ressentions rien... nous ne serions plus des êtres humains." déclare-t-il alors qu'elle garde le silence.
C'est si facile à comprendre pour un guerrier. La joie du sang, de la mort. La joie de risquer sa vie, de danser parmi ses ennemis et de leur inspirer la terreur. D'être si léger et vif alors qu'ils semblent si lents. La joie simple de rester debout, en vie. Avec son épée ensanglantée au milieu des morts. Jeune, et fort, et vivant. La joie d'être en vie, tout simplement. Mais sans émotions... je ne trouverais plus de joie que dans ces moments-là. Quel sorte de monstre serais-je alors ? Un grand guerrier, oui, mais après ? Jamais la chaleur réconfortante de l'amitié, de l'ale partagée... Seulement cette joie glacée. Et cela, malgré tout ce que tu as traversé, tu ne le comprends pas. Et c'est très bien ainsi.
"C'est moins évident pour une danseuse", conclut-il sans rien montrer de ses pensées. Les lèvres de l'esclave commencent à bleuir. Il la surveille. Il peut encore la pousser dans ses retranchements, mais elle ne doit pas non plus mourir de froid...
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| | | Sahnnâ
Messages : 163
| Sujet: Re: Un mauvais moment à passer Dim 1 Aoû 2010 - 20:16 | |
| Elle écoute, elle le regarde, et elle comprend. Bien plus qu'une esclave ne le devrait, elle comprend ce qu'il veut dire, parce qu'elle connaît ces instants où la souffrance est secondaire, lointaine, et où l'objectif existe seul, pour lui pénétrer de sa lame la chair de son ennemi, pour elle pénétrer de son Art le coeur de ceux qui la contemplent... Elle comprend. Elle comprend parfaitement bien. Si il avait parlé de ce moment où le guerrier saisit son épée et attend, avant son premier pas vers l'ennemi, elle lui aurait raconté cet instant, la veille, où il a fallu qu'elle sèche la paume de ses mains...
"C'est moins évident pour une danseuse..." Il ne se doute pas... Il voit un esclave, et pour lui c'est un sous-être qui ne porte aucun poids... On ordonne, il obéit. On lui dit danse et exprime le bonheur et la joie, et s'il ressent tout le contraire... il dansera quand même. Elle soupire... c'est une série de petits hoquets silencieux.
Elle écoute... Il parle de l'ivresse, et elle s'y reconnaît. Il parle de ces machines perdues dans le mouvement, et elle s'y reconnaît. De l'absence de peur, de l'absence de tout... Au point qu'on y laisserait son corps... A l'Epreuve de l'Epuisement, elle a dansé pendant plus de dix-sept heures. Et l'avant dernière était tombée à quatorze. Ce n'était même plus de la volonté. Son corps était ailleurs, c'est tout. Loin.
Elle flotte dans son rêve à lui, sur sa voix. Il parle de beauté mortelle et d'absence de crainte, il parle d'émotions, de volonté, et sa voix a entièrement perdu la rudesse qu'elle lui avait connu jusque là. Il ne la regarde plus vraiment, et elle non plus, depuis un moment... Elle s'engourdit... elle l'écoute... elle sombre...
Un frôlement sur la joue, qui la ramène... Elle frissonne.
- A genoux.
Bouger... Son corps refuse tout d'abord, puis se met en mouvement, péniblement. Elle se redresse, pivote, s'assied sur ses talons. Les frissons sont devenu des tremblements spasmodiques qui la font vibrer par intermittence. Ses lèvres sont franchement bleues à présent.
- Ressens-tu le froid ? - Oui, Maître... Un peu.
Et c'est vrai. L'engourdissement fait qu'elle ne le ressent qu'un peu.
- Si tu te débarrassais complètement de ton corps indigne, comme tu dis... tu mourrais. Car il protège ton corps qui danse. - Oui probablement, Maître... - Parle-moi des épreuves des Joyaux.
Un temps pour qu'elle rassemble ses idées éparses... Elle tremble violemment par moments.
- Ce sont des épreuves individuelles, et publiques. Pour certaines, un vaste public, dans le Demi-Cercle, avec tout un ensemble de musiciennes. Pour d'autre, juste les sept juges... Il y a des épreuves imposées, bien sûr. Mais il y a aussi, surtout, les épreuves spécifiques. Trois épreuves, choisies en fonction des faiblesses de la danseuse... - Pour toi, quelles ont été ces épreuves ? - Le Sang. A nouveau. Cette fois je n'avais pas de chorégraphie imposée, je devais improviser sur un thème libre. Et il y avait trois esclaves. Des enfants. Cette fois, je n'ai pas pleuré. - Tu avais pleuré, plus jeune ? - Oui... C'est pour ça que j'ai failli échouer. - Pendant l'épreuve ? - Oui. J'ai dansé, et souri. Mais je pleurais, en même temps. Les Maîtresses ont débattu toute une nuit pour trancher la question de ma réussite ou de mon échec. Je savais trois ans à l'avance que j'aurais le Sang, à nouveau... - As-tu ressenti quelque chose quand ces esclaves sont morts? - Après, oui. Quand j'ai cessé de danser... - Alors tu as fait ce qu'il fallait faire. - ... je n'ai rien fait.. les Maîtresses m'ont bien appris. Le lien est rompu pendant la danse, mais il existe avant, et se renoue ensuite...
Et à nouveau entre eux, la compréhension s'établit, diffuse, sur la similitude de leurs expériences... Elle se trouve à l'écouter, agenouillée et frémissante, alors qu'il parle d'une bataille qu'il a vécu en un lieu nommé Varnsi... Il ne la voit plus vraiment, il se remémore ce moment où il a tout simplement oublié qu'il était un corps, et qu'il a ouvert les yeux pour sortir d'un rêve avec une flèche dans la chair et la tristesse au coeur pour les amis perdus...
- Debout.
Le charme se rompt, devrait-on dire qu'il se dénoue, car l'ordre a été proféré d'une voix douce. Presque tendre. Elle se lève. Elle vacille un peu... Il se lève aussi et prend une grande serviette posée sur la table près de la baignoire de bois. Il revient vers elle. Et lentement, il la passe sur sa peau glacée et mouillée...
Elle est immobile, bouge le bras quand il le lui demande d'une pression de la main, docile. Mais présente. Le frémissement qui l'anime est celui, superficiel, du froid qui se dissipe au contact de l'étoffe tiède au frottement doux. Mais il y a cet autre frémissement, très profond. Ses yeux étaient mi-clos, ils se sont ouverts. Son souffle lent s'est accéléré. Elle a le visage baissé, soudain attentive à sa peau.
L'instant s'étire... Elle frissonne sous ses mains, incline le cou quand il sèche son dos, retient l'envie de cambrer les reins quand il passe la serviette sur ses seins, son ventre, ses flancs... Il parcourt ses hanches, ses fesses, finit par l'entrejambe qu'il gratifie d'un mouvement appuyé, ascendant, caressant... Elle ferme brièvement les yeux, retient un halètement.
Il vient chercher le halètement, à même ses lèvres.
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| | | Ragnar Herteitr Jarl
Messages : 1486
| Sujet: Re: Un mauvais moment à passer Dim 1 Aoû 2010 - 20:17 | |
| Le guerrier s'est levé, a pris une serviette, grande étoffe, pas aussi chaude qu'il le voulait, mais d'une sécheresse revigorante. L'esclave est en train de bleuir, pas très loin de l'engourdissement bienheureux qui précède la mort par le froid. Il frotte pour sécher la peau, réchauffer les membres, réveiller les sens. Puis le rythme ralentit. L'esclave bouge selon ses ordres, pour lui permettre d'accéder à tout son corps. Seulement, il y a eu un changement dans sa docilité. Alors que parfois, c'est une obéissance mécanique due à une sorte d'absence, d'indifférence, concernant les conséquences de l'ordre... ici, le frémissement de l'esclave sous ses doigts lui montre qu'elle est tout sauf absente, tout sauf indifférente. Léger souffle frémissant lorsqu'il passe sur sa poitrine, sur son ventre... Il en sent l'air tiède sur ses propres lèvres. Léger, si léger cambrement des reins lorsqu'il les essuie. L'offrande est timide mais néanmoins réelle. Il comprend la question qui est posée, et y répond en passant la serviette sous l'entrejambe si lisse de la danseuse. Il frotte légèrement en soulevant le bassin de la danseuse par l'intermédiaire de l'étoffe. L'esclave, la peau maintenant sèche, ferme les yeux, les lèvres entrouvertes, la respiration tremblante. La main de Ragnar s'ouvre, cependant que la pièce d'étoffe maintenant inutile tombe au sol. Les mains remontent vers le visage de l'esclave qui a toujours les yeux fermés. Le contournent. Se posent sur sa nuque, sous les longs cheveux bruns. Se referment sur les muscles. La poigne est impérieuse mais pas féroce. Et, tenant ainsi la tête de son esclave, il pose ses lèvres sur les siennes. Mordille un peu la lèvre inférieure. Puis supérieure. Il sent le léger essoufflement de la danseuse... mélange d'angoisse et d'excitation probablement. Il respire un peu moins vite car il n'éprouve qu'une seule de ces deux émotions, mais est loin d'être indifférent.
Lorsqu'il retire ses lèvres, Sahnnâ reste lèvres entrouvertes, souffle court. Elle a manifestement apprécié le baiser. Il la relâche, rompt le moment. Elle rouvre les yeux. "-Tu m'appartiens, déclare-t-il d'une voix sûre mais douce. -Oui, Maître", répond l'esclave en frissonnant de tout son corps.
Ragnar recule un peu. Reprend ses distances, redevient plus froid. Il y a des règles à établir et il veut s'assurer qu'elles soient bien comprises. "Je vais me comporter avec toi comme avec tous ceux que je commande ou que je guide, déclare-t-il. Si tu me sers bien, si tu me donnes satisfaction, je rendrai ton existence aussi agréable que possible. Car je préfère avoir dans ma maisonnée une esclave heureuse que triste. Mais si tu me désobéis, ou si tu négliges tes devoirs... je te punirai avec la dernière sévérité. Je serai impitoyable, quelles que soient les émotions que cela puisse m'inspirer".
Il se tait. Attendant la réponse de l'esclave : il sait quelle elle sera, mais il est primordial qu'elle soit informée des règles pour pouvoir ensuite les respecter. Et pour qu'il puisse finalement acquérir sa loyauté. L'esclave incline la tête en signe d'assentiment.
"Va te mettre à genoux face au mur", ordonne-t-il. Elle s'exécute sans l'ombre d'une hésitation. Pendant qu'elle est en position, il s'habille enfin. Comme il l'aime, des vêtements simples : une tunique et des chausses noires avec ses bottes. Entièrement vêtu de noir, il passe autour du cou son amulette en or, surveillant du coin de l'oeil Sahnnâ, qui reste parfaitement immobile, selon ses ordres.
Puis Ragnar va s'asseoir dans le même fauteuil qui a valu sa punition à Sahnnâ. "Maintenant, danse, ordonne-t-il. Danse ce que tu veux".
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| | | Sahnnâ
Messages : 163
| Sujet: Re: Un mauvais moment à passer Dim 1 Aoû 2010 - 20:18 | |
| Quand il a dit qu'elle lui appartenait, ce n'était pas une question. Elle ne lui a répondu que pour souligner, elle aussi, l'évidence. Elle lui appartient. Si elle en doutait encore, il lui suffit de prendre en compte la sensation de son contact et son refus obstiné de s'effacer. Elle va s'agenouiller là où il le lui ordonne, comme il le lui ordonne, et cherche à restaurer le calme dans ses pensées, sinon dans son corps traversé de brusques vertiges et volutes de trouble moite. Les techniques apprises à l'Ecole estompent son émoi, et, concentrée sur son souffle, elle retrouve un peu d'empire sur elle-même. Et elle songe que rien ne l'a préparée à ça. Les Codes de l'Ecole ont toujours été clairs. Les Epreuves, prédéfinies, les difficultés, sans surprise, rien que la concentration et l'auto-discipline ne puissent permettre de gérer. Ceci... ça n'a rien à voir avec ce qu'elle connaissait. Les Maîtresses se doutaient sans doute, d'où sa troisième Epreuve. Mais même cela ne peut l'aider à présent. Les froissements d'étoffe viennent de derrière elle, mais elle ne bouge pas. Assise sur ses talons, elle reste droite, détendue en apparence, intérieurement alarmée par la sensation pourtant connue de ses cheveux caressant le creux de ses reins, et qui aujourd'hui éveille en elle des frissons totalement inhabituels. Et elle songe, désemparée et anxieuse, que ce n'est qu'un début... Elle lui appartient, oui... mais il est encore bien loin de l'avoir saisie à pleines mains. Ceci n'était qu'un frôlement, à peine. Un frôlement, et déjà elle doit lutter pour conserver le contrôle... Les Maîtresses avaient raison... L'ordre tombe et elle ne s'y attendait pas. Elle l'accueille comme une bénédiction. Danser... Oui. Et oublier tout, me fondre dans le mouvement, au creux de l'Art il n'y a plus ni tourment ni souffrance ni peur... Un de ses bras s'élève, sans qu'elle bouge autrement. Souple et gracieux, un long mouvement, lent, empli d'une langueur douce. Retombe, alors qu'elle laisse basculer sa tête de côté, que l'autre bras se met en mouvement... Elle se soulève de ses talons et se cambre en arrière, répand sur les dalles la marée sombre de sa chevelure, les yeux presque clos et un sourire flottant sur les lèvres. La posture est probablement exigeante, la tension dans les cuisses et le ventre pour rester ainsi suspendue, mais rien ne transparaît, la souplesse du bras qu'elle ramène sur sa poitrine, comme si elle s'enveloppait d'un songe, efface tout ce qui n'est pas doux, tendre... Elle se décale, s'allonge, roule, pivote et se rallonge sur le sol dallé, et pendant tout le temps de sa danse, elle pose ses mouvements sur un rythme qu'elle est seule à entendre, un rythme lent, un battement de coeur endormi. Nue sur la pierre froide, elle donne à son corps mince les amples ondoiements de l'eau calme, la vibration infime de l'air dans un soleil de fin d'après-midi, la langueur souriante d'un demi-éveil après un rêve tiède. Elle se replie, s'étire, se creuse et s'incline, tout en souplesse, en douceur, en lente quiétude... Et sans doute qu'elle sait, quelque part dans la mémoire du Corps Indigne, qu'elle est nue et offerte aux regards de l'homme qui a tous les droits sur elle, y compris celui d'éveiller en elle la faim mordante du désir, y compris celui de n'avoir cure de son désir et de ne penser qu'au sien propre, y compris celui de la briser au lieu de la cueillir. Mais ces pensées n'ont pas lieu d'être dans le Corps qui Danse, lui sourit doucement, les yeux presque clos, et son visage respire une paix profonde... Rien dans ses gestes ne trahit l'appel au mâle, et pourtant l'instant d'avant, elle l'appelait... mais c'était l'autre corps. Ce corps-ci ouvre les jambes sans rien exhiber ni cacher, il donne sans restriction ni ostentation ses lignes fuyantes, ses courbes vertigineuses et ses creux noyés de mystère. Quand son bassin ondoie ou quand son dos se creuse, quand elle se love ou roule à ses pieds, ensevelie dans l'ombre soyeuse de sa chevelure, la sensualité pure qui s'échappe d'elle sent le soleil et la brise d'été et les fruits murs, rien à voir avec le parfum musqué de draps moites, rien à voir avec l'haleine brûlante et épicée de l'envie... Elle est un Joyau de l'Ecole, pas une fille de taverne... Une dernière vague ample et languide l'amène tout près de lui, une jambe pliée sous elle, l'autre abandonnée à la traine, fatigue... Elle pose le front sur la pointe de sa botte, comme font les chats quand ils cherchent leur place pour dormir... et ramène enfin cette autre jambe, la replie, et s'allonge là avec la même nonchalance tranquille, la même absence totale de questionnements, que pourrait avoir l'un de ces félins à la beauté parfaite, gracieux jusque dans leurs crimes... Elle s'immobilise, et il ne bouge pas. Le moment est long, vibrant, la magie s'accroche et refuse de se dissiper. Finalement d'un mouvement infime du pied, il lui indique de se redresser, et elle obéit avec la grâce plus discrète de Sahnnâ, celle qui a fini de danser... Le bras croisé sur la poitrine, le poing sur le coeur, le salut des danseuses, elle s'incline et attend... Il parle finalement, et sa voix est assourdie. Aucune importance, il n'a pas besoin de parler fort pour qu'elle reçoive chacun de ses mots. - Superbe, Sahnnâ... Dis-moi... Lorsque tu danses... les mouvement te viennent-ils tout seuls ? Ou suis-tu un thème ? Une mélodie dans ta tête ? - Un rythme... et une émotion, Maître... ou l'idée d'une émotion, d'une sensation... - Et laquelle, lors de cette danse ?... Elle laisse passer un instant, cherche ses mots... quand elle lui répond il y a encore dans sa voix un peu de ces sensations qu'elle dansait tout à 'heure... - ... je ne sais pas exactement... un sommeil doux. Je pensais à de la chaleur, à un demi-sourire, à un soleil de fin du jour... des choses douces et tièdes, oui... Il reste songeur un moment. Une sorte de grommellement, dont elle ne saisit pas le sens... Puis il poursuit. - Tu m'as bien servi, encore une fois. Tout comme je t'ai punie quand tu le méritais, j'aimerais maintenant te récompenser. Que veux-tu ? Elle reste coite et rougit. Il attend sa réponse avec un petit sourire, qu'elle ne voit pas, parce qu'elle regarde au sol. Elle entrouvre la bouche, la referme, elle hésite et se trouble. Finalement elle lève les yeux, ils sont brillants, et ses pommettes très rouges. - ... Je suis trop présomptueuse, Maître. - Ne te fais pas prier. Dis-moi. Et c'est moi qui déciderai de l'étendue de ta présomption. Mais elle hésite encore. Et finalement reprend, la voix très faible et un peu rauque. - Si je ne te disais pas ce que je pense réellement, je te mentirais, n'est-ce pas ? - Oui. J'attends de toi de l'honnêteté. - ... il m'est venu une seule chose à l'esprit... Elle est écarlate, ne soutient son regard qu'au prix d'un effort visible. Et lui finit par lui enjoindre de parler, d'un ton un peu rude. Alors elle parle, très bas. - J'aimerais par-dessus tout... que tu m'offres un autre baiser, Maître... Ses yeux cèdent et plongent. |
| | | Ragnar Herteitr Jarl
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| Sujet: Re: Un mauvais moment à passer Dim 1 Aoû 2010 - 20:19 | |
| Ragnar sourit. L'esclave manifeste ici un émoi touchant. "Approche", dit-il. Elle lève la tête vers lui alors qu'il se penche en avant, et leurs lèvres se rencontrent à nouveau, plus doucement qu'auparavant. Le guerrier passe ses bras sous ceux de l'esclave pour la soutenir, appréciant la manière dont cela pousse ses seins en avant. Il en joue, même, en appuyant entre les omoplates de Sahnnâ de ses larges paumes, profitant du contact de ses seins contre ses genoux. Il entrouvre la bouche déjà offerte de sa langue, jouant contre les dents de l'esclave. Celle-ci ne réagit pas, mais reste complètement offerte, comme un jouet pantelant entre ses mains. Ses lèvres s'écartent un peu. Ragnar en profite pour s'introduire un peu plus dans la bouche de Sahnnâ, y promenant sa langue à son gré. Après une légère hésitation, celle-ci amorce un timide, très timide mouvement à sa rencontre. Il ralentit le rythme pour lui laisser la possibilité de prendre des initiatives. Une fois, deux fois, elle vient d'elle-même chercher le contact de sa langue, avec timidité. Lorsqu'elle rouvre les yeux, lui jetant un regard interrogateur, ses propres yeux l'encouragent à continuer. Alors, ses petits contacts timides se muent en une caresse toujours légère, mais plus longue. Il en profite quelques instants, puis rompt le contact et le baiser. Avant que Sahnnâ n'ait le temps de s'inquiéter de son brusque revirement, il s'est penchée, l'a saisie sous les fesses et soulevée pour la déposer sur ses genoux, face à lui. Ignorant la légère douleur dans son ventre. Puis il reprend directement le baiser là où ils l'avaient laissé. Profitant d'une position plus confortable, le souffle de l'esclave s'accélère. Ragnar passe une main derrière ses reins, la serre contre lui. Sentant une résistance, il augmente la pression, et l'esclave se cambre, avançant son ventre vers lui avec un petit gémissement, cédant sous sa main. Sentant monter une érection, il augmente encore un peu la pression, de manière à ce que l'esclave soit forcée d'être collée contre son bas-ventre et de ressentir le désir qu'il a pour elle. Elle a une petite inspiration saccadée, suivie d'un petit geignement, lorsqu'elle le sent. Mais aucun réflexe de défense. Bien au contraire, elle s'enhardit de plus en plus dans les explorations de sa bouche. Pendant ce temps, Ragnar pose une main sur sa cuisse. Remonte. Doucement, doucement. Jusqu'à la limite de l'entrejambe. Puis retire sa main. Au moment où l'esclave semble vraiment décidée à apprendre tout ce qu'elle peut apprendre de son anatomie buccale, il rompt le baiser, saisissant au passage la lèvre inférieure de Sahnnâ pour la tirailler entre ses dents une dernière fois. Elle pousse un autre petit geignement, qui semble plus dû à la frustration qu'à l'angoisse. Il sourit en la repoussant. Haletante, elle le fixe d'un regard enfiévré. Ses joues ont rosi. "Assez pour cette fois, Sahnnâ. Il y aura d'autres fois." Il lit dans ses yeux un éclair de frustration, qui disparaît aussitôt pour faire place à l'acceptation. "Merci, Maître, pour ce présent", déclare l'esclave en inclinant la tête et en reprenant sa position à genoux. Et, en même temps qu'une sincère gratitude, Ragnar croit lire dans le regard de l'esclave l'angoisse d'avoir déplu. "-Tu t'es bien débrouillé, dit-il. Personne ne t'avait embrassé, avant moi ? -Est-ce qu'il faut compter les jeux de fillettes, demande l'esclave avec un sourire timide. Ragnar sourit largement. -Je ne suis pas très au courant des jeux des fillettes. La plupart du temps, elles se tiennent à l'écart des seigneurs barbus et armés pour la guerre. -Ça n'a pas grand-chose à voir, Maître, répond-elle avec un petit rire bref. Si ça ne compte pas, alors oui, c'était le premier. -Tu apprendras vite, je pense, répond Ragnar sur le même ton. Mais, avant d'aller plus loin..." Il s'interrompt, pendant que l'esclave, à nouveau à genoux, le regarde à travers ses cheveux. "Il te faudra ta marque d'appartenance. Je demanderai à ce que l'on te fasse un collier". Ragnar garde le silence quelques instants, réfléchissant tout en observant l'esclave à genoux, immobile, devant lui. "Il permettra de te désigner comme mienne, poursuit le jarl. Et il sera aussi soigneusement poli et finement travaillé que toi, je te le promets". En silence, Sahnnâ passe le bras derrière sa nuque, dégrafe le collier qu'elle portait. Il glisse le long de son cou, entre les courbes de ses seins légèrement dressés, avant de tomber entre eux dans un petit cliquètement. "Ta marque sera ma fierté, Maître", déclare l'esclave d'une voix douce mais parfaitement audible. Ragnar se lève brusquement. "J'ai à faire, maintenant. Va." L'instant est passé, et Sahnnâ en est tout à fait consciente. Elle se relève souplement. "Je te ferai mander lorsque j'aurai à nouveau besoin de tes services", déclare Ragnar, qui se dirige vers la porte en empoignant son épée au passage, sans plus jeter un regard à son esclave. Elle est sortie de la liste de ses préoccupations. Seule reste de sa présence une légère odeur de désir et une sensation étrange que l'entrejambe de ses chausses est soudainement devenue trop étroite. Un instant plus tard, il est sorti, laissant Sahnnâ seule dans ses quartiers.
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| | | Sahnnâ
Messages : 163
| Sujet: Re: Un mauvais moment à passer Dim 1 Aoû 2010 - 20:19 | |
| La Fortune sourit aux audacieux... Elle n'aurait jamais imaginé la veille qu'elle se trouverait à faire une telle demande, dans une telle position. Et surtout, elle n'aurait jamais imaginé que voir son voeu exaucé lui ôterait la raison. Autant l'autre baiser était plus pris qu'offert, et elle a pourtant aimé cette main de propriétaire qui enserrait sa nuque, autant celui-ci... Celui-ci invite, éveille, attise... et en quelques secondes elle passe de l'étincelle à la flamme.
Il interrompt le baiser et elle en crierait tellement c'est trop soudain, trop tôt... mais c'est seulement pour mieux l'attirer à lui, un effort brusque et elle échoue à genoux de part et d'autre de ses cuisses. Elle n'a pas même le temps de réaliser tout ce que cette nouvelle position implique de proximité entre elle et lui, il a repris ses lèvres et les assauts de sa langue appellent les caresses de la sienne... La main forte qui lui appuie au creux du dos lui donne l'irrésistible envie de cambrer les reins, elle essaie de se contenir au nom d'elle ne sait quelle pudeur imbécile, mais il insiste, et elle s'abandonne. Serrée contre lui, elle perd le souffle, et pas seulement parce que le baiser qu'il échange s'approfondit à mesure qu'elle oublie d'être timide... Il y a cette sensation, l'écart de ses cuisses et l'air froid sur sa chair enfiévrée, offerte... Elle se sait ouverte et tellement proche de lui... Il l'attire plus près encore, et elle le sent contre elle, soudain, dur et brûlant, elle aurait pu douter, n'ayant pour toute connaissance que les vagues explications des Maîtresses, mais son ventre ne doute pas, et se convulse de désir. Elle geint. C'est presque douloureux...
Elle a abandonné toute retenue et se perd dans son baiser, frémissante, consciente de la chaleur de la main qu'il glisse sur sa cuisse, lentement, et elle halète, elle ne sait pas exactement ce qu'elle veut, mais elle le veut avec une intensité effrayante...
Mais le temps n'est pas encore venu, il la repousse, doucement, mais il la repousse. Elle en pleurerait. Elle arrive à ne laisser échapper que ce cri de souris, minuscule.. A nouveau les dalles, le froid. Insupportable froid. Elle vibre de tout son corps. Il lui parle, gentiment, et elle lui répond de son mieux, elle sent confusément qu'il essaie de la détendre, de la calmer. Quand il parle de ce collier qu'il veut fermer autour de son cou, elle n'a pas une hésitation à se défaire de celui qu'elle porte. Elle sait de quoi il parle. Echanger un ornement contre la marque de l'esclavage ne l'effraie pas le moins du monde. Elle n'en a pas besoin, s'il veut, lui, afficher qu'elle est à lui, qu'il le fasse de la manière qui lui plaira. Pour elle l'esclavage se porte en dedans. Un collier peut s'accrocher à un piquet de clôture, le piquet n'en deviendra pas esclave pour autant. Le collier lui sera néanmoins précieux, parce qu'il sera pour elle le symbole de la faveur de son maître.
Il se lève et sort, en trois secondes, et elle a à peine le temps de réaliser qu'il s'en va, que le moment est fini. Un battement de cils, et la pièce est déserte de lui. Quelque chose de glacial vient se nouer dans sa gorge. Elle ramasse sa robe, se drape sommairement dans les plis de la longue jupe et s'enfuit. Par les couloirs déserts elle court à sa chambre, silencieuse et légère comme un fantôme. Elle referme la porte et s'y adosse, reproduit sans s'en souvenir son geste de la veille, plaquée le dos au bois, quand elle glisse assise au sol, les genoux sans force et tous les sens en furie. Elle se passe les mains sur le visage, jusque dans les cheveux qu'elle tire avec ce drôle de petit gémissement, encore. Son souffle refuse de ralentir, elle fixe les poutres noircies du plafond avec des yeux qui se noient. Les images reviennent, les sensations, elle se mord la lèvre inférieure, mais ça aussi, il l'a fait, ça n'efface rien, n'adoucit rien. Elle geint une fois de plus, du désarroi à l'état pur à se sentir aussi bouleversée, aussi loin du destin tracé pour elle. En quelques heures à peine, elle est passée d'objet de luxe payé une fortune pour une tâche bien précise, à prise de guerre bonne à tout, un jouet, un petit animal de compagnie agréable à regarder et à caresser, qu'on laisse d'une seconde à l'autre sans avoir à épargner ses sentiments en aucune manière...
Son souffle refuse de se calmer, et les crispations de son ventre, et les élancements dans ses seins. Ce maudit a allumé la fièvre en elle et l'a laissée seule dans le froid, à cet instant elle le haïrait presque, tant elle souffre de ce premier émoi, beaucoup trop intense, ou pas assez... Autant elle voudrait par fierté personnelle ne pas céder et se montrer plus forte, autant l'absurdité d'être fière quand on est seule et qu'on a mal pour rien lui fait abandonner la lutte. La main glissée entre les cuisses, il ne lui faut que quelques secondes rageuses avant de se ployer en un hoquet silencieux, renversée par les vagues d'un plaisir sans joie.
Ensuite elle reste longtemps roulée contre la porte de bois. Ses larmes sont aussi muettes que l'a été son plaisir. Et aussi amères.
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