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 La tempête approche

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Roland de Peyrefendre
Général protecteur de Rossburh

Roland de Peyrefendre


Messages : 42

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MessageSujet: La tempête approche   La tempête approche Icon_minitimeLun 20 Jan 2014 - 23:54

Un claquement retentit dans l'air froid du matin, suivi d'un grognement de douleur. Le vingt-et-unième, précisément. Le seigneur de Peyrefendre se tenait aussi droit qu'une lance de cavalerie, les mains dans le dos, les jambes écartées, dans une attitude toute militaire, son fils Paul à ses côtés. Attaché au chevalet au milieu de la cour par de solides lanières de cuir, l'homme avait cessé de se débattre. Il fallait dire que le bourreau y allait de bon cœur. Et, malgré les centaines d'hommes alignés en rang, on entendait les mouches voler.

Roland de Peyrefendre faisait preuve d'une certaine magnanimité en condamnant l'homme au fouet. Auparavant, pour ce genre de crime, il n'hésitait pas à ordonner la castration. Une manière de punir par où l'homme avait péché, en quelque sorte. Mais, en l'occurrence, l'homme était Tom Main-Percée. Il tirait son nom de la Guerre Sainte, où, sur le champ de bataille, un Lydane l'avait désarmé, avant d'essayer de le poignarder. Alors Tom avait posément mis sa main sur la trajet de la dague, avait frappé le coude de son adversaire pour la lui faire lâcher, puis avait sorti la dague de sa main gauche avant de l'enfoncer dans les entrailles du sauvage. Puis il était reparti au combat. Bref, on avait à faire à un héros de guerre. Et, de toute manière, il convenait de donner une deuxième chance à un homme.

Peut-être que je me ramollis.

Le bourreau y allait vraiment de trop bon cœur, trouvait Roland. Ce crétin allait tuer le soldat, alors que ce n'était pas le but. Si Roland avait voulu la tête du type, il aurait procédé plus proprement. Un discret geste de la main à l'adresse du bourreau lui intima d'avoir la main un peu plus légère. Finalement, après le quarantième coup, l'homme reposa le fouet, dont les lanières dégoulinaient de sang.

On détacha le soldat, dont la tête ballottait alors qu'on le transportait, inconscient. Roland attendit qu'il soit parti. Ceux qui l'avaient emmené savaient ce qu'ils avaient à faire. Désinfecter les plaies au vinaigre et au miel, les panser. Puis le général reprit la parole. Sa voix s'éleva, forte et puissante, afin d'être entendue même aux derniers rangs.

Vous êtes les protecteurs de l'Eiralie. Les murs de Rossburh, si solides qu'ils soient, ne sont rien. C'est vous, la muraille qui nous protège des Lydanes. Et donc, vous devez être forts. Et vous devez aussi être civilisés. Protéger les populations des Lydanes ne sert à rien si vous êtes aussi barbares qu'eux. Rompez.

Alors que les soldats se dispersaient, Roland se plongea dans de sombres pensées. Il y avait des fils de paysans du Kevalis, de solides montagnards de l'Acrogée... des gens simples, mais de bons gars. Certains s'étaient engagés uniquement pour la solde et la sécurité, et pensaient que le simple fait de posséder une arme leur donnait le droit de violenter une pucelle qui s'était refusée à eux. Mais là, le message était clair. La famille de la jeune fille serait satisfaite, il avait rappelé leurs devoirs à ses subordonnés, et, surtout, justice avait été rendue. C'était une réalité triste, mais nécessaire, que les roturiers, n'ayant pas de véritable sens moral ou de notion du bien, devaient se le voir inculquer par la violence. Et, comme les animaux, il fallait répéter la leçon régulièrement.

Un homme s'avança vers lui. Il était si pâle qu'il fallut un moment au général pour le reconnaître. Un des éclaireurs qu'il avait envoyés en Lydanie. Il vit avec soulagement que tous ceux qu'il avait envoyés étaient de retour. Ils le saluèrent, et il leur rendit leur salut d'une brève inclinaison du buste.

A mon bureau, décréta-t-il brièvement.

Les éclaireurs restèrent debout, dans une position impeccable, et Roland eut un léger sourire de satisfaction. Dans la plupart des troupes, éclaireurs et autres membres des "corps spéciaux" (concept que Roland n'appréciait d'ailleurs pas outre mesure) avaient culturellement des problèmes avec la discipline. Mais pas ici.
Le seigneur héla son aide de camp afin qu'il apporte des chaises et des rafraîchissements. Comportement inhabituel de la part du comte, mais la mission qu'avaient accepté ces hommes leur donnait droit à quelques égards. Pendant ce temps, il les observa brièvement, son fils Paul à ses côtés, une fois de plus.

Aucun n'était blessé, ce qui n'était pas un mince exploit, mais ils semblaient plus qu'éprouvés. Pâles, hagards. Porteurs de mauvaises nouvelles ?

Les mercenaires ? interrogea Roland.

Pas revenus, chef.

Le sourire s'élargit. C'était une très bonne nouvelle. S'ils avaient disparu en plein territoire lydane, on pouvait les présumer morts, leurs corps avalés par la grande forêt. C'était parfait. Le comte hocha la tête.

Bien. Votre rapport ?

Le chef des éclaireurs se mit alors à parler. Quand il eut fini son rapport, Roland de Peyrefendre était pâle comme la mort. Mais il prit trois décisions. D'abord, de réunir d'urgence une escorte pour aller parler à la Reine à Falyse le plus rapidement possible, en emmenant les soldats qui avaient fait la mission de reconnaissance. Ensuite, de laisser son fils Paul de Peyrefendre commander les armées à sa place. Enfin, de donner à chacun des soldats une bourse pleine de pièces d'or et trente jours de permission dès qu'ils seraient de retour de Falyse.

En tant que militaire de carrière, Roland de Peyrefendre savait réagir vite lorsqu'il le fallait. Le surlendemain, un convoi comportant le comte, les éclaireurs, trois cent hommes aguerris pour l'escorte et tout le bagage nécessaire, partait vers l'ouest.
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